La question de l’information se pose d’autant plus aujourd’hui que les médiations se sont multipliées en déformant ce qui nous paraissait comme transparent. Comment nous arrivent les nouvelles ? A-t-on une accessibilité directe à leur compréhension ? On pourrait s’illusionner en étant pris dans les rhizomes de la technique très au point pour créer des effets de réel.

Avant tout, nous parcourons des images, des sons ou des écrits qui sont les supports premiers de la transmission des informations. Il est vrai qu’aucun fait n’existerait sans être rapporté, mais s’il est donné sans son contexte, l’interprétation en sera erronée et parcellaire, de la même manière pour son processus originaire et ses conséquences plus étendues.

Le règne de l’« info » ne saurait cacher, par sa réification, l’impossibilité de se faire une idée juste de l’état du monde et d’en dégager un sens réfléchi et relativement complet. Comment se réapproprier les communications présentes alors qu’elles se bousculent dans un rythme de plus en plus soutenu, saturant le temps nécessaire à toute pensée ? Le temps de l’info en continu est découplé du temps réflexif nécessaire afin d’établir une conception cohérente de son époque.

Ainsi, la télévision, incapable de sortir de sa logique d’« omnibus » de l’information (Bourdieu), trouve son attrait dans la diffusion d’images spectaculaires poussées jusqu’au sensationnel et qui ne demandent qu’une simple curiosité émotionnelle sans exigence d’analyse ou d’« effort ».

Malheureusement, même la concurrence des chaînes n’a pu permettre une certaine diversité, car le sentiment d’homogénéité domine, seul l’audimat en fin d’analyse restera le juge suprême de leur succès, leur unique horizon.

L’illusion que donnent les nouveaux médias à l’accès direct aux choses ne résiste pas lorsqu’on se penche sur toutes les étapes de leurs manipulations volontaires ou pas. Les techniques de communication ont affaibli la crédibilité du témoignage vivant, lié à une réalité vécue, pour...