France

La baie de Saint-Malo, la mer, la croix et l’épée

OPINION. Cet été, Front Populaire propose à ses lecteurs de partager un souvenir, une réflexion, un morceau de France. Terrain d’affrontement naval, la baie de Saint-Malo a longtemps pu se protéger des menaces anglaises grâce à ses gardiens rocheux et ses remparts.

/2021/07/BAIE DE-SAINT-MALO

Surplombant les plages, sur des digues retranchées entre deux avancées rocheuses sont installés les villages de la baie de Saint-Malo. Là-bas tout commence au rivage. Alors que cette ligne s’avance et se retire, une multitude de bêtes de granit se couvrent et se découvrent, vigiles sans cesse changeants de la côte. Quand la mer s’étend, ils ne laissent qu’un œil au ras de l’eau, écoutant les goélands qui leur apportent les nouvelles, camouflant sous la plaine marine un imposant corps couvert d’yeux scrutant les fonds. Puis l’océan ramasse sa respiration et surgissent les dos énormes de ces serpents de mer, transformant le bassin en un champ d’écueils.

La mer est changeante en cette région où les amers de navigation savent se transformer en amers récifs aux non-initiés. Ils protégèrent ainsi Saint-Malo des Anglais et de leurs alliés. En 1693, la cité est appelée le « nid de guêpes » par les Anglais, car ses corsaires bien connus empêchent depuis des décennies les sujets de Sa Majesté de profiter pleinement de la domination britannique sur les mers. Les coalisés menés par l’Angleterre décident donc de raser une bonne fois pour toutes cette ville qui les ennuie, et envoient une flottille d’une quarantaine de navires, dont dix vaisseaux de ligne portant chacun de cinquante à soixante canons. La flotte vient en novembre dans la baie et s’occupe quelques jours en bombardant un peu le Fort La Latte, en capturant devant la ville le Fort de La Conchée, alors en construction et occupé par quelques maçons, ou en débarquant sur la petite île de Cézembre pour prendre un monastère avec le père et les deux frères qui y étaient restés. Seuls quelques coups de canon avec relativement peu d’effets sont échangés entre la flotte et les remparts de la ville. Les Anglais mettent en branle...

Vous aimerez aussi