La contraction du monde
OPINION. Nos existences se contractent petit à petit au cours de ce début de 21ème siècle mondialisé. Cette exposition fréquente à des stress est en partie due à l’idéologie de l’"ouverture" qui uniformise les peuples tout en les pressurisant. Retrouver le cadre national devient urgent.
Il ne faut pas être un grand expert pour constater combien notre monde se tend. Le monde humain se contracte proportionnellement à l’expansion de la mondialisation. Certaines régions se distinguent par leur propension à réduire la vie humaine, la comprimer, la rendre insoutenable. Quel contraste avec l’élan de l’après-guerre, celle des années cinquante et soixante, les Trente Glorieuses, disait-on.
L’Europe inaugure depuis les années soixante-dix, après la disparition du Général de Gaulle, une volonté de construire les États-Unis d’Europe. Un système fédéraliste qui ne dit pas son nom, une dissolution des souverainetés, avec un crime presque parfait : l’abandon des monnaies nationales. Il faut bien comprendre que la monnaie est d’abord une matérialisation anthropologique d’une manière de vivre et de faire société qui lui préexistent. Comment avons-nous pu croire qu’une monnaie unique pourrait orchestrer des modes de vies si divers sur notre continent ? Une utopie, une folie.
L’Union Européenne profite à une élite qui la construit à sa mesure. C’est entendu. Elle comprime les vies d’une majorité toujours plus grande, les mouvements populistes en sont l’illustration criante.
En Européie, la contraction de la vie humaine se décline selon tous les axes par une myriade de règlements et de normes. D’une actualité déconcertante, on ne peut s’empêcher de penser à la description de Tocqueville de la forme que pourrait prendre un despotisme démocratique : « Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l’avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière ; il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule ; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit,...