La diplomatie française est un cadavre à la renverse (Partie 2)
CONTRIBUTION / OPINION. À l’heure où l’État israélien va déclencher une effroyable riposte au massacre commis par les fanatiques du Hamas, il est vraiment temps pour la France de faire son point diplomatique, puisqu’elle n’a ni boussole ni voix crédible. Nous le ferons ici à partir de deux exemples.
Poursuivons dans cette deuxième partie avec la guerre entre la Russie et l’Ukraine en mettant immédiatement les choses en ordre : le 24 février 2022, la Russie agresse l’Ukraine. Après cela, il faut bien rappeler quelques faits.
Contrairement à la parole de Bush à Gorbatchev, les États-Unis ont bien tiré avantage de la situation en 1990, notamment en laissant l’Allemagne, tant que sa politique étrangère fondée sur le multilatéralisme ne s’oppose pas à la stratégie américaine d’encerclement, contribuée à l’éclatement de la Yougoslavie par ses liaisons secrètes et paramilitaires, par sa diplomatie partisane. Ce foyer de guerre n’était pas encore éteint en septembre 1994 que l’Allemagne exprimait clairement sa vision continentale dans le document Schäuble — Lamers (2 responsables politiques du CDU de Helmut Kohl) en posant l’élargissement à l’Est (une sorte de Neue Ausdehnung ostwärts) comme une priorité de l’Union allemande (c’est-à-dire l’UE). Comme par hasard, en 1994, la CIA pronostiquait un éclatement de l’Ukraine sur le modèle de la Yougoslavie.
Si en 2008 l’Allemagne (et la France) bloquait le processus d’élargissement de l’OTAN à l’Ukraine, appliquant ainsi le principe multilatéraliste, elle ne le fit pas en 2013 lorsque l’Union allemande l’inscrit entre les lignes de l’accord d’association et de libre-échange… Or comme Gilles Andréani, nous pensons qu’« autrement lourd de conséquences a été l’élargissement de l’OTAN, qu’il était totalement déraisonnable d’envisager sérieusement pour des pays aussi proches à tous points de vue de la Russie que l’Ukraine et la Géorgie ». (Commentaire n° 146, été 2014, page 288) En 2014 commence la guerre du Donbass, où se profile le risque d’une défaite ukrainienne selon la chancelière Angela Merkel, qui se démena pour la neutraliser grâce aux accords de Minsk… dont elle révèle le but dans un entretien du 7 décembre 2022 : « Les accords de Minsk de 2014 constituaient une tentative de...