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La gauche, la droite et l’écologie

OPINION. Une fois encore, le prétendant écologiste à la présidentielle est un candidat affirmé à gauche, faisant de la protection de l’environnement un repoussoir pour la droite. Comment sortir de cette impasse ?

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Depuis la défaite au sein des Verts, en 1993, de la ligne politique d’Antoine Waechter proclamant que « l’écologie n’est pas à marier », l’écologie politique en France semble structurellement liée à la gauche. Les adversaires de cette union n’y ont vu qu’une alliance opportuniste, destinée à garantir à ses promoteurs une représentation d’élus dans un pays marqué par le scrutin majoritaire. Ce n’est sans doute pas tout à fait faux, l’attrait des postes étant un puissant déterminant politique, mais il s’agit là d’une vision réductrice.

L’alliance des écologistes avec la gauche est depuis l’origine fondée sur une analyse politique, voire sur une philosophie politique, selon laquelle l’écologie, en ce qu’elle implique une vision globale de la société, ne peut se limiter à la défense de l’environnement. Selon cette théorie, le rapport de l’homme avec la nature n’est que la reproduction des rapports de domination et d’exploitation des hommes entre eux. Ainsi, faute de changer ceux-ci, il serait illusoire de vouloir changer celui-là. Un autre argument, plus pragmatique, est tiré du caractère socialement contraignant des mesures de protection de l’environnement et du fait que cette contrainte est d’autant moins supportable que les ressources des personnes concernées sont plus faibles : le social, sous forme de compensation ou d’indemnisation, voire de réduction des inégalités, serait en quelque sorte un prérequis de l’environnemental. C’est l’idée largement reprise, y compris naturellement par les adversaires de l’écologie, du « socialement acceptable ». Il faut tenir compte, enfin, de ce que, dans les années 80, nombre de militants qui ont fondé le parti des Verts en France étaient d’anciens soixante-huitards ou militants du PSU, pour lesquels les postulats intellectuels de la gauche étaient a priori exclus du débat. Le dialogue avec les forces politiques traditionnelles, qui se sont entre-temps approprié une partie du programme de l’écologie, en tout cas...

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