La mort annoncée des communes rurales est-elle inéluctable ?
CONTRIBUTION / OPINION. Depuis des décennies, les communes sont peu à peu dépossédées de leurs compétences. Une offensive de l’État jacobin pour les rendre inutiles, estime notre lecteur.
Vous vous rappelez peut-être du plus petit commun multiple, vocable utilisé en mathématiques. Dans le domaine de l’organisation de notre pays, le plus petit dénominateur commun fut la commune. S’appuyant ainsi sur ce maillage territorial composé de plus de 34 000 communes, les Républiques qui se sont succédé disposaient d’un socle dur pour gérer le pays. Ce fût souvent à la manière jacobine que l’État, grâce à ces relais locaux, parvint à construire des milliers d’écoles publiques au début du siècle dernier, à mobiliser des millions d’hommes lors de la Première Guerre mondiale, à favoriser la construction de routes et un réseau ferré via des compagnies puis de la SNCF jusqu’au plus profond des territoires de nos anciennes provinces.
Les maires étaient destinataires, presque quotidiennement via les préfets et sous-préfets, de directives, d’instructions et de circulaires. À titre d’exemple, on peut consulter des archives communales pour découvrir l’implication et le rôle des mairies lors de la lutte contre la tuberculose, contre les épizooties animales, pour l’éradication des nuisibles… et, plus récemment, l’organisation des remembrements agricoles.
Dans notre monde contemporain, la mise en place des mesures de protection des personnes vulnérables en période de chaleur, et même pour toute la population lors du Covid, devrait rappeler à certains l’extraordinaire capacité de l’intervention publique à l’échelle communale !
Aussi il serait peut-être temps de prendre conscience que cette entité communale est sérieusement fragilisée depuis une vingtaine d’années, surtout pour les petites communes.
On nous explique tout d’abord qu’en nous comparant avec d’autres pays européens, le nombre de communes était trop important. Les évolutions démographiques négatives touchant principalement la ruralité furent un argument supplémentaire « qui tue » ; sans compter les effets de l’aménagement du territoire orienté vers l’urbanisation à outrance. Mais, comme on n’avait pas le courage de dire qu’il fallait supprimer l’échelon communal,...