La peine de mort, une institution républicaine ?
CONTRIBUTION / OPINION. L’hommage national rendu à Robert Badinter le 14 février dernier a été l’occasion de glorifier l’abolition de la peine de mort par l’ancien Garde des Sceaux en 1981. Mais ceux qui fustigent le caractère anti-républicain de la peine capitale méconnaissent le rôle historique qu’elle a joué dans l’avènement de la République, estime notre lecteur.
La peine capitale a été longtemps l’incarnation de la seule violence légitime, à savoir la violence publique, celle de l’État souverain, lui-même émanation du peuple également souverain. Aujourd’hui et sans la protection de cette peine de mort républicaine, outre l’explosion des violences dues à la criminalité ordinaire, le peuple français est désormais livré aux violences identitaires et politico-religieuses importées, ainsi qu’aux violences économiques et sociales de la mondialisation. Le criminel ordinaire nous assassine pour s’emparer de nos biens, le terroriste islamiste nous égorge pour nous sacrifier à son dieu, le capitaliste mondialiste abrège nos vies en nous exploitant, et ces trois assassins ont toutes les chances de vivre très vieux.
La peine capitale a aboli la torture
Dans une mise en perspective historique, il convient de rappeler que sous l’Ancien Régime, la torture judiciaire relevait des pratiques pénales courantes. Elle se déclinait sous deux formes : d’abord la « question préparatoire », à savoir la torture durant la procédure afin d’obtenir des aveux ; ensuite la « question préalable », c’est-à-dire la torture appliquée juste avant l’exécution elle-même. Ainsi, le jeune chevalier de la Barre, qu’on a cru longtemps le dernier condamné pour blasphème en France (jusqu’à l’exécution des dessinateurs de Charlie Hebdo et de l’enseignant Samuel Paty), a subi le supplice des « brodequins » avant d’être mis à mort le 1er juillet 1766.
Juste avant 1789, Louis XVI avait abrogé la torture judiciaire. Cependant, un retour de ladite torture restait envisageable : on se souvient ainsi de la Révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV, révocation qui avait mis fin à la tolérance religieuse pourtant voulue par Henri IV.
Ce sont donc la peine capitale (par guillotine) et la République, toutes deux sœurs nées de la Révolution française, qui ont définitivement aboli la torture judiciaire en France. La peine capitale est l’aînée puisque la première...