Laïcité, j’écris ton nom
OPINION. Alors que l’on pensait la question résolue depuis longtemps, les dernières décennies ont montré qu’en France, la laïcité est un combat permanent.
La scène se passe en région parisienne en mars 2022. Un jeune homme entre en cours avec un sandwich et commence à le manger comme s’il était dans son salon dans la classe où l’auteur de ces lignes s’apprête à donner un cours de Français Langue Étrangère (FLE). Ce dernier lui fait remarquer (un peu vivement…) que ce n’est ni le moment ni l’endroit. Réplique du jeune homme assénée d’un regard mauvais : « Il n’y a que Dieu qui a le droit de me donner des ordres. » Contre réplique : « Non, il y a moi aussi. Et moi au moins tu es sûr que j’existe. » Éclat de rire et applaudissements nourris d’un petit tiers de la classe, vive protestation de la majorité. Scène inimaginable 15 ou 20 ans auparavant, comment en est-on arrivé là ? À quel moment et pour quelles raisons ce retour en arrière et ce repli sur l’appartenance religieuse et ce mépris de plus en plus flagrant face à la laïcité ?
Retour en arrière
Après plusieurs décennies de relative accalmie sur le front de la laïcité à la française, le choc de civilisations issu du 11 septembre 2001 a largement contribué à un net retour en arrière et à un repli sur soi communautariste où, pour les jeunes générations, chacun se doit de se définir selon son sexe, son ethnie, son appartenance sexuelle et bien sûr sa religion. Négation totale du concept même de laïcité qui garantit, en théorie, un traitement égal de la part de l’État et ses représentants face à ses administrés. Mais quand ceux-ci s’en dédouanent et détournent d’eux-mêmes, peut-on encore parler de république laïque et de contrat républicain quand une part toujours plus importante de la population et en particulier de la jeunesse assume pleinement ne pas être Charlie ou affirme un péremptoire « bien fait pour...