Le delta idéologique
OPINION. S’il n’est peut-être pas totalement obsolète, le paradigme gauche-droite ne permet plus de comprendre les clivages qui structurent le paysage politique français. Mais par quoi le remplacer ?
Quand on parle politique, le fameux clivage gauche droite demeure le référent commun à tous. Il continue de présenter les différentes tendances doctrinales des partis politiques en les reportant sur un spectre… politique, qui va de l’extrême gauche à l’extrême droite, je ne vous apprends rien. Bien sûr, il a mal vieilli. Aujourd'hui, que signifie être de gauche ? être de droite ? Et puis, qu’est-ce que cela change ? Quand ils sont au pouvoir, ils ne font pas ce qu’ils avaient promis lors des élections ou ce à quoi on pouvait s’attendre.
Néanmoins, il reste un outil bien pratique pour structurer un débat électoral. Certains ont proposé de l’améliorer, comme Alain Soral. Le sulfureux polémiste propose de lui adjoindre une ordonnée. Sur cet axe, on reporte un autre clivage, portant cette fois sur les mœurs : « conservateur/progressiste ». Cela donne ainsi une matrice à quatre zones, définissant une droite conservatrice et une autre progressiste, et réciproquement une gauche conservatrice (absente dans l’offre politique actuelle) et une gauche progressiste. L’intérêt du plan cartésien (abscisse + ordonnée), c’est de pouvoir définir en deux dimensions des degrés dans les prises de position, qu’elles soient économiques ou culturelles. Et ainsi de comparer les partis ou leurs membres influents, en fonction des questions de société ou des arbitrages économiques contemporains. Bien joué biloute !
Le problème qui se pose, néanmoins, c’est que cet outil augmenté sous-entend, par exemple, qu’il puisse exister une droite conservatrice cohérente et stable dans le temps ; or le paradigme du Marché étant ce qu’il est (relire Schumpeter), les valeurs traditionnelles ont furieusement tendance à se faire lessiver (ex. déchristianisation de la France, travail le dimanche…). Inversement, à gauche, à part un improbable néostalinien, personne n’ose prôner, et la famille nombreuse, et la collectivisation des biens de production. Et ce n’est manifestement pas qu’une question de...