Le gouvernement porte le coup de grâce à EDF
OPINION. La décision de l'État d'imposer à EDF de vendre jusqu'à 40% de sa production d'électricité à ses concurrents à prix cassés a conduit les représentants des salariés à déclencher un droit d'alerte économique.
Le souvenir des Gilets jaunes hante encore Emmanuel Macron. En achetant la paix sociale, à moins de trois mois du premier tour de la présidentielle, le gouvernement vient de porter le coup de grâce à EDF. En tant qu’actionnaire à 85 % de l’énergéticien, il vient en effet de le contraindre à augmenter de 20 % la quantité d’électricité que ce dernier vend à prix cassé. L’objectif est de faire pression à la baisse sur le prix de marché, aux alentours de 250 €/MWh actuellement (du jamais vu !), et limiter ainsi la hausse de la facture pour le consommateur. Comme Castex s’y est engagé avec le « bouclier tarifaire ».
En temps normal, EDF est déjà contraint de vendre près d’un tiers de sa production d’électricité, soit 100 TWh, à 42 €/MWh. Une aberration imposée par l’Europe à la France depuis 2010 pour favoriser la concurrence (quand le prix de marché de l’électricité s’envole, les concurrents s’approvisionnent chez EDF ; quand le prix de marché est inférieur au tarif de l’électricité nucléaire, ils s’approvisionnent sur le marché) et accessoirement torpiller le fleuron du service public à la française. Un gros mot pour les bureaucrates de Bruxelles.
Ce dispositif, l’ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique) en bon langage technocratique, que le PDG d’EDF Jean-Bernard Lévy qualifie de « vrai péril » et de « principal handicap » d’EDF parce qu’il revient à ce que « des investissements publics subventionnent des acteurs privés dont certains disposent de moyens considérables, empêchent EDF de profiter du produit de son travail et n’incitent pas ses concurrents à construire de production nouvelle à leurs risques », avait été dénoncé par Éric Zemmour dans son débat contre Bruno Le Maire, le 9 décembre dernier sur France 2. Une parfaite illustration de sa thèse selon laquelle l’Europe affaiblit la France. Mais le ministre de l’Économie...