L’échec de la Super League, symbole d’une victoire populaire
OPINION. L’échec du projet de Super League de football la semaine dernière est, selon notre abonné, plus qu’une simple affaire de football. C’est aussi le signe que le bras de fer avec les élites néolibérales peut parfois tourner à l’avantage des peuples et des États-nations.
Il y a trente ans, l’effondrement du communisme, célébré à l’Est comme à l’ouest comme la victoire du bien contre le mal, promettait des lendemains heureux. Il a pourtant donné naissance à un nouveau totalitarisme qui a immédiatement inondé tous les pans de la société occidentale : le néolibéralisme, fusion du capitalisme triomphant (le marché décide) et de l’idéologie libertaire (il est interdit d’interdire).
Libre circulation des hommes, des biens, des capitaux, ouverture des frontières, libre échange, mondialisation, délocalisations, libéralisation des mœurs, multiculturalisme, GPA... toutes les évolutions politiques, économiques et sociétales modernes trouvent leur source dans la matrice néolibérale.
Si cette vague a fabriqué de nombreux « gagnants » elle a surtout englouti sous son écume les deux grands perdants que sont les peuples et les Nations.
Pourtant, lorsque ces derniers agissent de concours, ils peuvent faire échec aux assauts des partisans du monde globalisé, horizontalisé, et dérégulé. C’est ce qui s’est joué la semaine dernière, à l’occasion de l’annonce de la création d’une compétition de football privée (et fermée) : la Superleague.
Retour en arrière.
A l’été 2000, le géant du BTP espagnol Florentino Perez se présente à l’élection pour la présidence du Real Madrid avec un atout dans sa manche : le projet « Galactique ». L’idée, recruter et associer sous le maillot madrilène les quatre étoiles du football mondial (Zidane, Figo, Ronaldo, Beckham) en misant sur l’explosion des revenues commerciaux (sponsoring, merchandising, droits télés) pour payer les transferts des joueurs et leurs salaires.
Perez sera élu, et la promesse tenue. Le Real s’installa sur le toit de l’Europe et sa valorisation explosa... ce qui fit naître de nombreuses vocations à travers le monde.
En une décennie, les trente plus gros clubs européens sont rachetés, les uns par des fonds de pension américains (Manchester United, Arsenal, Liverpool), les autres par des capitaux chinois (Milan AC, Inter Milan), des milliardaires russes...