L’économie : de l’art de combler ses besoins à la souveraineté du désir (Partie 2)
OPINION. Avant de devenir une discipline d’expertise, l’économie définit avant tout la capacité de l’être humain à organiser ses ressources en fonction de ses besoins, mais aussi de ses désirs, selon notre abonné. Retour sur les fondements anthropologiques qui ont conduit l’économie à devenir ce qu’elle est aujourd’hui.
Les évolutions ultérieures à la sédentarisation virent une fantastique amplification de cette capacité à développer le champ des productions matérielles avec l’invention de la métallurgie du cuivre, puis du bronze, du fer, et finalement de quantités d’aciers et inoxydables divers. Celle de la machine couplée à la découverte des énergies fossiles (charbon, hydrocarbures) a généré une profusion de biens. Le développement de la chimie créait une extraordinaire diversification des matériaux. D’où une richesse généralisée à travers l’exploitation d’une classe miséreuse de paysans surnuméraires prolétarisés ainsi que d’une exploitation cynique des pays producteurs de matières premières. In fine, le mode de vie contemporain repose sur une explosion de la dépense énergétique, comme l’explique Jean Marc Jancovici, ingénieur spécialiste des énergies.
Hégémonie de la communication marchande
La facilité croissante à produire des objets conduit les sociétés « avancées » à créer en permanence une incitation à l’acquisition de ces biens par la mise en œuvre de ce qui fut successivement nommé la réclame, la publicité, le marketing, avec une capacité manipulatrice croissante investissant le champ politique (Edward Bernays). Ce type de communication mythologisante (Roland Barthes), avec l’usage déférent d’une multitude envahissante d’expressions anglo-saxonnes (marquant l’acculturation de la population française), a submergé le champ sociétal en rapport avec la marchandisation des relations et même de pratiques individuelles (sites de rencontre, « coaching », activités physiques, maisons de retraite…).
Culturellement, cette hégémonie de la communication marchande va de pair avec une féminisation des valeurs (crainte de la violence physique, focalisation, voire législation, sur les sentiments tels que la haine, hystérisation des rapports conflictuels, appétit pour le confort et la sécurité) en premier lieu avec l’usage généralisé de la séduction, jouant sur des instincts de base comme le désir mimétique, le penchant narcissique, la jalousie, l’envie ou encore la reconnaissance sociale. D’où une érotisation systémique renvoyant l’homme à...