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Croire que le meilleur est à venir est une fiction commode

CONTRIBUTION / OPINION. Croire que le meilleur est à venir semble être une nécessité dans le monde contemporain. Cependant, cette conviction repose sur une fiction confortable mais trompeuse. À travers l'exemple de la « pente du bonheur », notre contributeur déconstruit les illusions qui nourrissent nos attentes et questionne la logique derrière nos désirs d'un futur idéal.

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« Je fuis le présent comme si j’avais quelque espoir dans l’avenir », soupire Oberman, le héros mélancolique d’Etienne Pivert de Senancour. Le présent se termine dans quelques jours maintenant, clôturant une année désenchantée. L’instant est hostile et l’Homme contemporain peut se reconnaitre dans Oberman, cherchant comme lui dans l’avenir quelque prise pour ne pas chuter. Croire que le meilleur est à venir est devenu nécessaire. Mais cette croyance reste illusoire.

Une fiction commode certes, mais une fiction. Un mythe entretenu par deux paradigmes d’une efficacité relative. Le premier nous enjoint de creuser toujours plus loin, le deuxième nous promet qu’il y a quelque chose derrière. On aura reconnu le progrès et la vérité. En fait, il existerait même un troisième paradigme, moins technique, plus angélique, mais peut-être plus ancré encore dans l’inconscient collectif. Il s’agit de la pente du bonheur.

Si nous avons le choix entre une vie commençant piteusement, mais nous sublimant jour après jour, et une autre vie commençant par un feu d’artifice, mais se terminant en eau de boudin, à priori, nous préférons la première vie à la seconde. Nous préférons une vie où le bonheur suit une pente positive, plutôt que négative. L’agréablomètre pointant toujours plus haut, plutôt que la phtisie. En d’autres termes, nous préférons garder le meilleur pour la fin. De là une forte incitation à croire que le meilleur surviendra effectivement à la fin.

Mais nous faisons une faute de logique ; non sequitur. Car ce que je désire n’est pas forcément ce que je crois. Je voudrais bien gagner au loto, mais je n’y crois pas. Mon désir pour un bonheur allant crescendo n’implique pas ma croyance en un tel bonheur. Celui qui fait cette faute de logique s’expose alors à de fausses croyances. Il s’invente un double du réel à l’image...

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