L’économie selon Satan
OPINION. Faut-il mettre de la morale dans l’économie ? C’est ce que pense notre lecteur, pour qui le capitalisme menacerait intrinsèquement l’ordre juste en société.
On rapporte que le professeur de morale d’un certain Albert Einstein avait tenu en classe à peu près ce discours : « Dieu et Satan sont comme les deux pôles magnétiques, qui s’opposent en tout : le beau et le laid, la vérité et le mensonge, l’humble et l’orgueilleux… » Et le génie en herbe de répondre : « Je ne suis pas d’accord : Dieu est Amour… et l’absence d’Amour, c’est ça Satan. Comme pour la chaleur : le zéro absolu n’est pas l’ennemi de la chaleur, mais son absence absolue. » Et bien, pour l’économie, c’est pareil : soit vous adoptez une conduite morale dans vos choix économiques (vous payez vos impôts, les heures sup’ et n’arnaquez pas les clients), soit seul compte à vos yeux le gain égoïste, ce qui fait de vous un salaud intégral.
Comme l’économie irrigue la société dans son ensemble comme le sang irrigue un corps vivant, les conceptions particulièrement funestes propres au capitalisme ont déjà fait pas mal de dégâts dans notre société. Pour l’exemple, si vous êtes un commercial, votre objectif c’est de conclure une vente. Le moyen générique ? « Pigeonner » un client cible, c'est-à-dire le baratiner, voire le manipuler : tous les coups sont permis quand on peut mentir. Autre exemple : la tondeuse à gazon de votre voisin vient de tomber en panne de grand matin. Vous pourriez lui prêter la vôtre gracieusement… mais comme vous voulez manger une pizza pour midi, vous décidez de la lui louer : « Il n’y a pas de petits profits ! » Un dernier pour la route : en usine, le chef engueule un collègue pour le retard de production. Vous savez qu’il n’est pas le seul à blâmer vu que vous en êtes aussi responsable… mais comme vous convoitez son poste, vous décidez de vous taire et de le laisser porter le chapeau : rester dans les petits papiers du...