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Les socio-démocrates modernes ne sont pas des bolchévistes comme les autres

OPINION. En social-démocratie, ce n’est pas la tyrannie de la majorité qui gouverne, mais bien celle des minorités : l’idéologie dominante contre la décence des gens ordinaires.

/2022/12/Social_Democratie


Alors que dès le XIXe siècle, Alexis de Tocqueville anticipait à juste titre le danger de la tyrannie de la majorité de façon concomitante avec la solidification à venir des démocraties, il se trame actuellement une inversion des valeurs. Ainsi, la puissance de la majorité se fait renverser par la domination des minorités, mouvement embrassé par l’idéologie dominante. L’on désigne par « idéologie dominante » celle des forces du pouvoir et des médias qui vient s’opposer à l’idéologie de la majorité, ce que Georges Orwell nommait la « common decency » : la décence des gens ordinaires.

Seule la verticalité d’un pouvoir centralisé permet cette domination des minorités sur la majorité. Cette inversion des valeurs est l’apanage des pouvoirs autoritaires, ce fut l’œuvre des socio-démocrates russes (bolchévistes) après 1917 accusés par Voline (La Révolution inconnue) d’avoir dévoyé le mouvement ouvrier au profit d’une élite qui se crut légitime à dicter la conduite à tenir au peuple. L’inversion des valeurs mettant sur un piédestal la minorité, la verticalité du pouvoir qui dicte sa renaissance au peuple c’est précisément l’œuvre des socio-démocrates, c’était vrai dans la Russie du début du XXe siècle, c’est toujours vrai dans l’Occident au début du XXIe siècle.

À l’Assemblée nationale française, il n’y a plus qu’un seul parti unissant des socio-démocrates européens aux étiquettes édulcorées. Les parlementaires de tous bords sont parfaitement d’accord sur toute la ligne. Il n’y a aucune réelle opposition d’idées, juste un théâtre d’apparat de désaccord. Cette opposition mise en scène est une lutte de personnes qui masque la réalité d’une unité fondamentale. Les uns refusent de jouer au foot avec les autres, les uns traitent les autres de racistes sans véritable conviction autre que des effets d’aubaine électoraliste. Pour le reste le consensus règne. Lorsqu’il s’agit de constitutionnaliser l’avortement, ça donne 310 voix pour...

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