L’IA à l’épreuve de la syntaxe et de la sémantique
CONTRIBUTION / OPINION. Malgré les progrès impressionnants de l'Intelligence artificielle, sa capacité à épouser toutes les subtilités du langage humain et sa finesse émotionnelle n'est pas pour demain.
Comme chacun le sait, les termes de syntaxe et de sémantique désignent (outre vocabulaire et grammaire) deux des piliers d’une langue parlée et écrite et en particulier notre propre lexique dont je me suis permis de faire l’éloge du fait des graves menaces civilisationnelles dont nous médecins, sommes devenus spectateurs impuissants.
L’IA est du même ordre, mais elle pose une autre question, et elle est de taille, car c’est l’humanité entière qui est visée. Après une période de latence de quelques années, il a fallu que soit lancée récemment son application « grand public », le ChatGPT, et qu’alors la machine médiatique fasse éclater au grand jour l’imminence du bouleversement socioprofessionnel copernicien, à l’instar des précédentes métamorphoses qui ont scandé l’Histoire occidentale de la modernité : imprimerie, machine à vapeur, industrie textile. Il faut, en effet, sans aucun doute s’inquiéter, mais, je le pense, nous avons les moyens de résister avec calme par des arguments de bon sens.
C’est par cet avis optimiste que j’avais terminé ma précédente tribune, m’appuyant sur le fait anatomo-physiologique que la machine ne possède pas les centres limbiques préfrontaux du cerveau humain, sans oublier la base existentielle : l’IA est non seulement un cerveau artificiel, elle est tout simplement privée d’un corps sensible. Sa mémoire gigantesque et fulgurante nous domine sans aucun doute, et dans ses futures versions on nous dit même qu’elle disposera d’une aptitude à reproduire un certain degré de conscience au moyen de la reconnaissance linguistique à la base de son fonctionnement. En fait, aujourd’hui, aucun ordinateur n’est conscient de ce qu’il fait, et (avouons-le) trop souvent, nous non plus… On nous dit aussi que le robot parviendra même à reproduire des émotions. Défi difficilement crédible quand on sait que nos humaines émotions ont pour origine les effluves issues de notre propre corps, récepteur de toutes...