L’universalisme, concept occidental fossoyeur des souverainetés (partie 1)
CONTRIBUTION / OPINION. Tirant son origine du christianisme, l’universalisme à la française a été laïcisé par le républicanisme. Il s’est peu à peu érigé en modèle, jusqu’à servir les velléités impérialistes occidentales.
L’Occident a voulu forger le monde à son image. Depuis Woodrow Wilson, relayé ensuite par Franklin Roosevelt, les États-Unis s’y emploient pour créer un monde de paix selon leurs valeurs et leurs intérêts. Ils ont initié la SDN puis l’ONU avec sa charte des droits de l’homme. Mais l’Occident est aujourd’hui remis en cause pour son universalisme perçu de plus en plus comme un impérialisme par les pays d’Asie et du Moyen-Orient, et même de la Russie voire comme une négation de la souveraineté.
L’universalisme, un concept occidental
Luc Ferry a montré (Figaro 24/08/22) comment le christianisme a donné naissance à l’universalisme à la française. La liberté est célébrée par la parabole des Talents qui fonde le talent sur la volonté et non sur les origines. Le principe d’égalité entre les hommes — qu’ils soient juifs, grecs, esclaves ou libres — résulte, dans l'Épître aux Galates, de la communion de l’humanité dans le corps du Christ. La fraternité entre les hommes naît du partage d’une foi commune au-delà de leurs différences.
Ontologiquement, l’universalisme repose donc sur le christianisme, et sans cette foi, il disparaît. Cela n’a pas échappé aux républicains, qui ont créent la devise « liberté, égalité, fraternité » et substituent au christianisme une « spiritualité laïque ». Ainsi en France, la croyance dans une transcendance religieuse ou laïque, toutes deux issues de notre civilisation, fédère les hommes autour de l’universalisme. Les autres pays occidentaux, également imprégnés par la culture chrétienne, n’ont pas fait le choix de la laïcité et ont adhéré à un universalisme immanent par conviction humaniste. Il s’est produit depuis les années 1990, une dérive venue des États-Unis si mal inspirés par la « French Theory » : le culte de « l’hommisme » qui fait de la liberté et de l’égalité des « instruments » de l’individualisme totalitaire, coupant avec les racines communes qui fédèrent...