politiqueJean-Luc Mélenchon

Mélenchon à Gergovie : la créolisation rétrospective

ARTICLE. Le 15 novembre dernier, Jean-Luc Mélenchon publiait sur son blog une note consacrée à sa visite du plateau de Gergovie. L’occasion de célébrer la victoire gauloise sur les armées romaines ? Non, le chef d’orchestre de la NUPES a préféré y voir une preuve de la « créolisation » du monde.

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On parle depuis quelques années de « bataille culturelle », parfois de « gramscisme », pour faire plus chic, du nom du penseur marxiste hétérodoxe italien qui l’a théorisée. Hétérodoxe ? Là où le marxisme classique fait dépendre, à l’échelle de la société, la superstructure idéologique (mœurs, arts, culture, politique) de l’infrastructure (les rapports de force économiques), Gramsci pense que les intellectuels peuvent jouer un rôle de contestation de l’idéologie dominante (validant par là une certaine autonomie de la superstructure).

Cette bataille pour « l’hégémonie culturelle » a été préemptée par la Droite libérale-conservatrice depuis l’ère Sarkozy et reprise depuis par Marion Maréchal à l’Issep et par Eric Zemmour. On comprend aisément pourquoi : cela permet de se revendiquer d’un auteur « de gauche » - tout en le dénaturant au passage – et de légitimer l’investissement politique sur le volet culturel (immigration, assimilation, islam…) au détriment du social.

Mais dans cette bataille, qui se résume désormais surtout à vouloir imposer des débats de société, et donc les mots pour en parler (« grand remplacement », « francocide »…), la gauche mélenchoniste n’est pas en reste. Il faut voir l’acharnement de Jean-Luc Mélenchon lui-même à vouloir imposer la notion de « créolisation », élevé au rang de concept (fourre-tout, en l’occurrence), pour ne pas dire de totem. Depuis qu’il a découvert ce mot, Mélenchon en a fait un étendard de rechange en lieu et place de son logiciel républicain, une façon d’acter, par le langage, le passage à une ligne qu’on qualifiera pudiquement de « post-républicaine ».

Des nouvelles de Gergovie

On connait le mot - possiblement apocryphe - d’Alexandre Dumas à qui l’on reprochait des approximations historiques dans ses romans de cape et d’épée : si j’ai violé l’histoire, je lui ai fait de beaux enfants. C’est en quelque sorte désormais le credo officieux de Mélenchon, qui malmène allègrement l’histoire au nom des beaux enfants métisses qu’il entend...

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