Napoléon de Ridley Scott : quel gâchis !
CONTRIBUTION / OPINION. Le biopic de l’Empereur réalisé par Ridley Scott a fait beaucoup de déçus. Et ce malgré les grandes attentes qu’il a suscitées, autant chez les bonapartistes fanatiques que chez les simples curieux. Notre lecteur n’a pas fait exception.
Je suis allé voir le « Napoléon » de Ridley Scott, 2 décembre oblige. Il faisait grand soleil et trois degrés en dessous de zéro, comme une très approximative mise en situation du matin d’Austerlitz. J’y suis allé avec des pieds de plomb et le cœur gros, tant la majorité des critiques dont j’ai eu vent étaient négatives. Mes attentes étaient basses. Elles ont été atteintes. Hélas.
Deux caveats d’entrée de jeu. Premièrement, je ne suis pas un fan absolu de Napoléon, ni un nostalgique du césarisme politique, ni encore moins un contemplateur d’homme providentiel dont l’empereur serait un modèle.
Comme tous les élèves de l’Éducation nationale, j’ai appris à connaître l’homme exceptionnel qu’était Bonaparte, qui, projeté dans une époque de bouleversements inédits, a présenté une personnalité hors du commun pour le destin qui l’attendait. Plus tard, par curiosité et esprit de contradiction, j’ai lu des contenus plus iconoclastes qui pointaient davantage les grosses lacunes et le fond mauvais du bonhomme. Aujourd’hui, j’oscille entre ces deux visions, mais je reste fasciné. Disons que je m’en tiens à la position de Chateaubriand (« cet homme dont j’admire le génie et dont j’abhorre le despotisme »).
Deuxièmement, j’ai adoré de nombreux films de Ridley Scott, adepte et virtuose reconnu de fresques historiques et de films de guerre. J’ai vibré dans l’arène du Colisée devant « Gladiator », hurlé dans le désert du Royaume de Jérusalem devant « Kingdom of Heaven », et pleuré dans les rues de Mogadiscio devant « Black hawk down » (modèle du genre pour les militaires en opération d’infiltration et de guérilla urbaine). Par ailleurs, Joaquin Phoenix est un très grand acteur, excellent par exemple en Commode ou Joker, et dont la qualité d’incarnation de personnages divers n’est pas à mettre en doute.
Ridley Scott passe malheureusement à côté de son film en réduisant...