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On a tué l'école

CONTRIBUTION / OPINION. L'école d'hier, temple républicain gardé par ses hussards noirs, n'est plus qu'un lointain souvenir. Ne restent que quelques ruines de pédagogisme technocratique, regrette notre contributeur, qui a connu l'avant.

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© ISA HARSIN/SIPA


Je suis né en 1947 (d’aucuns diront donc : « un vieux con ! »). Aussi ai-je connu l’époque bénie pendant laquelle l’école constituait à la fois un pilier et un symbole très fort de notre République. Dans tout l’Hexagone et dans chaque village, le maître d’école, à l’instar du curé, était un personnage très respecté. L’autorité n’était pas un vain mot. À ce sujet, je ne saurais oublier un instituteur que j’ai connu du CE2 au CM2. Un monsieur d’un âge certain, sévère, voire très sévère, mais profondément juste et humain. Je crois qu’il était, comme tant d’autres à l’époque, fort passionné (on dirait aujourd’hui habité) par son métier : transmettre aux gamins que nous étions une partie de son savoir, heureux qu’il était, je suppose, d’en mesurer chaque fin d’année les résultats. Je me souviens l’avoir vu verser une petite larme à la proclamation des résultats du Certificat d’Etudes en 1958 ( tous reçus)

Nous composions sur moult matières : dictées (à mesure de deux par semaine) ; rédaction ; récitation ; calcul ; histoire ; géographie ; sciences ; travaux manuels. Soin et conduite faisaient également l’objet d’une note distincte. Notes et classements mensuels. Ils permettaient, quoiqu’on en dise, de se situer et a fortiori de mesurer ses progrès personnels, tout en créant accessoirement une certaine émulation…

Fils d’ouvrier, j’ai compris assez vite la chance qui m’était donnée de pouvoir m’élever, socialement parlant, en m’appuyant sur cette béquille qu’était l’instruction scolaire. S’agissant de la discipline, nous rentrions en classe, après nous être rangés en file indienne et que le maître avait obtenu le silence complet – à mettre en perspective avec ce qui se passe aujourd’hui. La journée commençait avec la leçon de morale du jour dont le titre était inscrit au tableau.

L’école venait, dans ces années-là, compléter l’instruction que nous donnaient nos...

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