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Parrainages et sélection des candidats : la démocratie surveillée sous l’Empire du Bien

OPINION. Plus qu’un simple obstacle structurel, le système de parrainages, qui pénalise des candidats largement sollicités, constitue, selon notre lecteur, un moyen pour la doxa de conserver son pouvoir.

/2022/02/parrainages


En Iran, au grand scandale de nos médias et hommes politiques, grands donneurs de leçons de morale politique, la sélection des candidats aux élections est effectuée par le Conseil des Gardiens de la Constitution composé de douze membres désignés par le Guide suprême de la Révolution et de juristes nommés par le pouvoir judiciaire fondé sur la sharia. Un choix qui s’effectue au nom des principes théo-idéologiques et en fonction de critères que ce conseil établit avant chaque élection. Le système de pouvoir iranien est sans doute, à nos yeux, détestable, mais il ne peut pas être qualifié d’arbitraire. On peut même estimer qu’il respecte une forme d’« État de droit » par son observance des dispositions juridiques clairement établies et conformes à son idéologie.

Quel rapport avec la situation prévalant dans la France de 2022 ? Nous ne disposons pas, certes, d’organisme chargé explicitement de la sélection des candidats, mais si nous n’avons pas adopté des dispositions formellement identiques à celles de l’Iran, du moins avons-nous pris des mesures qui relèvent du même esprit et produisent le même résultat. À l’égard des candidats à la présidentielle, nous sommes déjà, de fait, dotés de procédures de sélection de plus en plus contraignantes ; les dernières ayant été considérablement durcies par le gouvernement socialiste de François Hollande. Établies initialement afin d’éviter les candidatures folkloriques ou loufoques, elles sont utilisées aujourd’hui pour écarter du jeu démocratique les candidats non agréés par les partis du « système » au pouvoir. Une opération d’ostracisation qui est par ailleurs puissamment soutenue en France par la doxa prévalant dans les médias et infusée dans de nombreuses têtes.

Quelle est cette doxa ? Il ne s’agit pas, bien entendu, comme en Iran d’une doctrine visant à l’édification d’une société strictement conforme à la sharia telle que celle-ci est comprise par les ayatollahs ayant...

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