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Pénurie versus abondance, ou Malthus contre Prigogine (partie 1)

OPINION. La sobriété à laquelle nous sommes contraints pose la question des limites du monde, donnant crédit à une vision malthusienne de l’écologie. Une dérive à laquelle notre lecteur veut opposer la reconnaissance de la primauté des valeurs humaines sur les ressources matérielles.

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À l’aube du IIIe millénaire, l’humanité est confrontée à plusieurs défis : la légitime volonté des démunis de disposer d’un niveau de vie décent ; l’épuisement généralisé des ressources naturelles ; une démographie galopante ; une pollution toujours plus prégnante ; un possible changement climatique, etc. Ces thématiques sont recomposées en une assertion : « L’équilibre de la planète ne résisterait pas, si dix milliards d’êtres humains devaient adopter, un jour, le mode de vie du milliard d’êtres humains habitant aujourd’hui dans les pays développés. » [1] Cette allégation est en train de coloniser la conscience collective de la planète. Elle a acquis le statut de « dogme » : compte tenu des ressources planétaires, une multitude d’experts plaident pour une forme de « développement durable » qui se traduirait par la paupérisation croissante d’une large partie de la planète. Dans ce contexte de pénurie, il reviendrait à une élite « éclairée » de procéder à la mise en place des mécanismes correcteurs pour permettre à la planète de survivre, en contraignant l’immense majorité des êtres humains à une paupérisation généralisée, rebaptisée cyniquement de « rusticité confortable » [2].

Très curieusement, alors qu’il devrait y avoir conflit entre les formes de pensées dont procèdent les différentes écoles socio-économiques, conservateurs, libéraux, marxistes, etc. elles partagent toutes, à quelques nuances près, cette analyse malthusienne. Ne diffèrent que les solutions à mettre en place. Devant une telle convergence des différents courants de pensées « académiquement correctes », la tentation serait forte de valider cette approche et de se résigner aux sombres perspectives que ceci impliquerait pour l’avenir de notre planète.

Pénurie et rareté : les dogmes fondateurs, mais erronés, de l’économie

Que l’on fasse référence à Lionel Robbins (1898-1984) (An Essay on the nature and significance of economic Science, p. 15., 1932), ou plus récemment par exemple à Raymond Barre (1924-2007) (Économie politique...

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