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Robert Badinter, au-delà de l’icône

CONTRIBUTION / OPINION. Érudit et figure humaniste intouchable pour l’espace médiatique, Robert Badinter est aussi perçu comme l’un des pères fondateurs du laxisme judiciaire français. Le panthéonisé laisse un héritage en demi-teinte sur le pays.

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Crédits illustration : ©Jacovides / POOL/SIPA


Après avoir assisté à la panthéonisation de l’ancien Garde des Sceaux, il est de tradition de proclamer la gloire et les mérites du récipiendaire. Comme on pouvait s’y attendre, les témoignages se multiplient. Celui qui a proclamé le discours d’accueil, le président Macron, s’y est plié. Oserait-on dire qu’il lui devait bien cela. En effet la renaissance de l’antisémitisme en France depuis deux ans (qui a tant affecté Robert Badinter) est en partie due aux errances diplomatiques d’un chef de l’État qui a résolument pris le parti de la cause palestinienne contre celle d’Israël. La reconnaissance d’un état palestinien, bien trop hâtive, en est l’exemple le plus patent. Elle constitue, qu’on le veuille ou non, un satisfecit apporté au Hamas. Les antisémites en France s’en sont nourris et continuent de le faire. Et ils ont même poussé l’abjection de leurs méfaits jusqu’à profaner la tombe de l’ancien Garde des Sceaux…

Nous émettrons ici une opinion un peu dissidente. Sa carrière professorale est exemplaire et il reste un des meilleurs civilistes de sa génération. Pour l’avoir côtoyé à quelques colloques juridiques, on doit convenir qu’il en imposait. Y compris par une posture parfois hautaine et distante avec les débutants dans la carrière universitaire ! Et puis, bien entendu, il fonde avec JD Bredin un grand cabinet d’avocats. Sa première grande affaire pénale est la défense du baron Édouard-Jean Empain, en 1978, après l’enlèvement de celui-ci. Assez vite le futur Garde des Sceaux devient aussi un avocat d’affaires sur de juteux dossiers : Coco Chanel, Boussac, talc Morhange, Empain, l’Aga Khan, etc.  Puis ce sera le grand dossier de sa carrière pénale, la défense de Roger Bontems, en 1972, où Robert Badinter essaiera d’éviter, en vain, la peine capitale à son client. Sa plaidoirie est d’anthologie, mais l’exécution de son client reste, qu’on le...