Sarah Halimi, Viry-Châtillon : les limites du jury populaire et des expertises psychiatriques
OPINION. Selon notre contributeur, ancien universitaire spécialisé en psychologie sociale, les deux dernières affaires qui ont scandalisé une grande partie de l’opinion publique révèlent plusieurs limites de notre système judiciaire.
Après « le mur des cons », deux affaires emblématiques du marasme dans lequel la justice française se vautre complaisamment depuis des décennies viennent à peine de trouver leur épilogue.
D’une part, l’affaire de Viry-Châtillon qui a vu une bande de galopins jugés en appel pour avoir essayé, au cours d’une embuscade, de brûler vif quatre policiers dans leur voiture de service et d’avoir caillassé une policière qui tentait de sauver sa vie en s’échappant de son véhicule en feu. Le jugement en appel a été plus clément pour l’ensemble des accusés alors qu’aucun fait nouveau n’avait été porté à la connaissance des juges, ce qui est du jamais vu dans les annales judiciaires.
D’autre part, l’assassinat de Sarah Halimi qui est reconnu par les juges comme un crime antisémite, mais les mêmes juges ont reconnu, dans un bel élan de logique et de cohérence, que le coupable était irresponsable pour cause d’une abolition complète de son discernement au moment des faits (article 122-1 du code de procédure pénale, CPP). Dans ces deux affaires, deux principes présentés comme évidents, pour ne pas dire irréfutables, sont mis en avant par les journalistes « spécialisés justice et police » ainsi que par de nombreux juristes de plateaux de télévision pour justifier l’issue de ces deux jugements et exonérer le rôle des juges : pour le premier la décision du jury populaire censée représenter la voix du peuple souverain, et pour le deuxième l’avis unanime d’un collège de psychiatres. Ces avis délivrés dans les médias qui sonnent comme des injonctions à « circuler, il n’y a rien à voir » méritent quelques commentaires sur la fiabilité du jury populaire et des experts psychiatres afin de mieux mettre en lumière le rôle des juges et leur pouvoir de manipulation sur les jurys comme sur les experts.
Un jury populaire sous pression...