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Sommes-nous volontairement serviles ?

CONTRIBUTION/OPINION. Dans son Discours de la servitude volontaire, Étienne de La Boétie explique pourquoi l’aliénation peut aussi être le fruit de la volonté de l’aliéné.

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L’enseignement du grec ou du latin fut très longtemps réservé aux élites des sociétés occidentales ou connu et pratiqué par le clergé. La richesse de notre langue française tant dans sa formulation que dans la construction de la pensée trouve ses racines sans conteste dans la philosophie et les écrits gréco-romains.

Bien qu’elles soient considérées comme des langues « mortes », ce fut certainement une erreur de limiter la possibilité de les apprendre dans les lycées pour ceux qui le souhaitaient. Espérons que cette décision n’était pas guidée par un souci inavouable de limiter la faculté de connaître les écrits et la pensée des philosophes grecs ou romains, notamment à propos de l’exercice de la démocratie (dêmos « peuple », kratos «peuple»).

Quelques siècles après l’antiquité, vers 1546, Étienne de La Boétie rédigea son célèbre Discours de la servitude volontaire. L’auteur faisant d’ailleurs référence plusieurs fois à ces philosophes. Il constatait et déplorait que « ce sont les peuples eux-mêmes qui se laissent ou plutôt qui se font malmener. » Plus loin il écrit : « Un peuple ignorant devient insensible au mal que l’on peut lui faire subir »,évoquant la Rome antique : « Les tyrans habituent le peuple à l’obéissance, à la servitude et à la dévotion. » Plus loin, il nous met en garde face aux forces de l’habitude et nous demande de faire confiance à l’éducation. Il acta aussi que la liberté est une « force naturelle » et que ceux qui souhaitent la recouvrer ont plus d’énergie que ceux qui veulent leur ravir… La phrase suivante résume en quelque sorte toute sa pensée : « Soyez résolus à ne plus servir et vous serez libres. »

Ce texte a traversé bientôt plus de quatre siècles et fait partie certainement de ceux qui font référence à la pensée et à la réflexion universelle à la fois humaine, politique et sociétale. Ce...

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