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« Une heure de moins pour la production, c’est une heure de plus pour la révolution ! » : 39-40, quand le PCF ne résistait pas

CONTRIBUTION / ANALYSE. Le « premier parti résistant » de France l'a-t-il toujours été ? Non, explique l'historien Jean-Marc Berlière, qui demêle les faits de la toile de mythes tissée par une historiographie pas toujours très objective.

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Maurice Thorez, secrétaire général du PCF… et déserteur.


Ce texte de l'historien Jean-Marc Berlière a été initalement publié sur le site du Nouveau Conservateur, dans une version plus courte. Nous le publions dans nos colonnes avec l'aimable autorisation de son auteur.


La panthéonisation de Missak Manouchian a été l’occasion de rappeler le rôle des communistes (en l’occurrence étrangers) dans la résistance depuis l’été 1941. Sans minorer le sacrifice de tous ces militants, et sans interroger le bilan de leurs actions en termes militaires et nombre de victimes collatérales (otages notamment), il paraît nécessaire – pour la vérité historique – de rappeler que si, à partir de l’été 1941, le PCF, répondant aux injonctions pressantes de Moscou, a joué un rôle indéniable dans la lutte contre l’occupant nazi, cet engagement fut tardif. Pendant près de deux ans, le futur « premier parti résistant » – et ses militants aujourd’hui honorés et qui « aimaient la France à en mourir » – avaient eu une tout autre attitude.

Durant la « drôle de guerre », le PCF a approuvé, puis défendu le double pacte germano-soviétique d’août et septembre 1939, dénoncé les démocraties occidentales qui auraient déclenché le conflit pour nourrir leurs appétits impérialistes, appelé au sabotage de l’effort de guerre français, orchestré une campagne de démoralisation de l’opinion, avant d’exprimer sa satisfaction de voir l’impérialisme français vaincu et la démocratie bourgeoise mordre la poussière après la défaite de mai-juin 1940.

La nouvelle de la signature à Moscou, le 23 août 1939, par Ribbentropp et Molotov d’un pacte de non-agression (qui comprend bien d’autres aspects) fut une totale surprise pour des communistes français alors engagés dans la lutte antifasciste. Mais, conformément à la 16e des « 21 conditions de Zinoviev » adoptées au congrès de Tours en 1920, il a obéi comme il l’avait fait à chaque changement de ligne politique décidée par Staline : la tactique « classe...

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