Vous avez dit tolérance ?
CONTRIBUTION / OPINION. Le beau mot de tolérance, à force d’être martelé jusqu’à plus soif dans l’espace public, a perdu tout son sens. Il n’est devenu qu’un vulgaire alibi au relativisme et à la moraline.
Il existe des mots nobles, significateurs de grandes vertus, qui à force d’être galvaudés, vulgarisés, finissent par devenir vulgaires. Le beau mot de tolérance en fait partie.
D’abord je voudrais rappeler à ceux qui sont devenus des moralistes de la pensée et qui mettent ce mot à toutes les sauces que la tolérance n’est qu’un outil, dans le voyage relationnel vers l’autre. La destination finale est le respect mutuel qui manque beaucoup à ceux qui nous donnent des leçons de tolérance, car elle n’est qu’une étape intermédiaire.
Notre époque post-moderne, avec le mot tolérance, a créé un kit, un passeport de bien-pensance, qui ouvre les portes des cercles médiatico-influenceurs. Peu de ces donneurs de leçons ont lu Gandhi, un grand homme de paix, mais il eut cette phrase un jour : « Bien que je n’aime pas le mot tolérance, je n’en connais pas de meilleur. » Ce qu’il signifiait, et que bon nombre de philosophes ont développé également, c’est que la tolérance n’existe pas si elle n’est pas animée en partie égale par le concept de l’exigence.
Au nom de la tolérance, et c’est le lot de notre époque, une modernité relativiste et moraliste tend tellement à niveler tout ce qui s’exprime, en hurlant à l’intolérance systématique face à des convictions trop fortes ou divergentes, qu’elle devient de fait une nouvelle intolérance.
Si nous analysons l’éducation, les dégâts de la thèse de l’enfant-roi post 68, de l’éducation aimable, nous savons désormais, que cette tolérance sans exigence, est devenue laxisme et permissivité. Or Montesquieu le disait, « il n’existe pas de progrès sans contrainte ».
L’ordre social et la liberté publique sont des biens précieux, mais ils n’existent dans une société tolérante mais sûre que si les libertés individuelles sont contraintes dans une mesure connue et acceptée, pour être compatible avec les libertés collectives....