« La pandémie de Covid-19 est la première catastrophe technique survenue dans un monde globalisé ». D’entrée de jeu, Hervé Juvin prévient que sa réflexion va s’ancrer dans ce contexte de crise, qui a probablement sonné le glas de la mondialisation telle que nous l’ont vendu les thuriféraires de l’efficience économique.

Car en effet, la majeure partie des économistes appartenant au courant orthodoxe de l’économie depuis le 18e siècle ont toujours considéré l’économie comme une science dure, donc une invitation à laisser par les prévisionnistes. L’idée était que le pouvoir politique dérègle le moins possible les mécanismes de marchés, et pour ce faire, il fallait que le politique devienne un subordonné du pouvoir économique ; révolution qui s’opéra avec le néolibéralisme au 20esiècle.

« La pandémie a brutalement révélé la futilité des prétendues « lois de l’économie », et mis en lumière la fragilité de ces institutions que sont les marchés, la concurrence et la liberté publiques (…) La réponse qui ont été apportées à la crise ont violemment éclairé la face d’ombre de prétendues démocraties libérales », note Hervé juvin. Mais cette constatation a déjà été faite, et l’on pourrait dire qu’il y a même presque consensus aujourd’hui, tant nos élites  – sentant le vent tourner - s’accordent pour dire qu’il faut revoir « nos » modèles, qui sont pourtant d’abord et avant tout les leurs !

Si Hervé Juvin se contentait de revenir sur des dysfonctionnements qui ont été déjà maintes fois décortiqués, son livre n’aurait que peu d’intérêt. Or, l’auteur va beaucoup plus loin en repensant de fond en comble le système politico-économique européen. Intellectuel puissant, Juvin met en lumière les contradictions de ce système et tente de lui redonner une cohérence à une échelle locale, ne se privant pas de passer les élites mondialisées au laminoir de l’analyse critique.

Économie et identité : contre...