Un protocole sanitaire parmi « les plus stricts d’Europe » pour une école française au taux de décrocheurs « le moins mauvais d’Europe ». L’excellence appelle l’excellence…rien que de très banal, au fond. Malheureusement, comme l’a démontré hier, dans L’Obs, Gurvan Le Guellec, rien n’est moins vrai. Jean-Michel Blanquer ne cesse en effet de pointer – à grand renfort d’hyperboles - l’excellente préparation de l’Éducation nationale, et ce depuis le 16 mars, date à laquelle il annonçait que l’école était « prête » pour affronter le confinement.

Fin juin, sur France Inter, il avait affirmé qu’avec 500 000 décrocheurs pour 12 millions d’élèves, la France présentait le « taux le moins mauvais d’Europe ». Après analyse, ce chiffre est en fait une estimation par carottage basée sur des remontées partielles des rectorats. Par ailleurs, la Délégation aux relations européennes et internationales et à la Coopération (Dreic) précise elle-même, dans la note qui sert de source au cabinet du ministre, qu’« aucun pays européen n’a officiellement communiqué de données nationales concernant le nombre d’élèves décrocheurs ». De surcroît, selon le bilan de l’enseignement à distance du service statistique du ministère, les enseignants du premier et du second degré estiment respectivement à 6% et 10% la proportion d’élèves de leurs classes n’ayant pas pu être suivis sur la période de mars à mai. « Faisons rapidement le calcul. En considérant que le primaire et le secondaire scolarisent 6,7 millions et 5,7 millions d’élèves, cela nous donne 970 740 élèves sortis des radars. Soit le double des chiffres annoncés », corrige Gurvan Le Guellec.

Lors de sa dernière conférence de presse, en date du 26 août 2020, Jean-Michel Blanquer a réitéré ses élans d’enthousiasme en expliquant qu’il était « préparé à tout » et que sur le sujet de l’école à la maison, la France était le pays qui s’en était le mieux sorti de toute l’Europe. Le...