Éric Zemmour, Michel Onfray : convergence des luttes ?
OPINION. Qu’elle se concrétise ou non, l’hypothétique candidature d’Éric Zemmour suscite les passions. Si ce dernier accepte certaines concessions avec Michel Onfray, c’est aussi une occasion inespérée pour faire émerger une nouvelle voie souverainiste à la présidentielle de 2022.
Au commencement de Front Populaire, venait un slogan : « fédérer les souverainistes de gauche, de droite ou d’ailleurs » ; un projet : former un socle d’idées communes pour restaurer l’indépendance et la dignité de la France ; un but : porter un candidat à l’élection présidentielle 2022. Un an plus tard, Front Populaire a réussi la gageure de rendre au souverainisme ses lettres de noblesse. Autrefois accolé à des personnages volontiers moqués ou marqués au fer d’une ringardise franchouillarde, le souverainisme et aujourd’hui porté en étendard par un nombre grandissant de personnalités politiques, et jusqu’à Emmanuel Macron, bien que déployé en un sens oxymorique dont il est coutumier, avec sa fumeuse souveraineté européenne.
Dans cette année extraordinaire à tout point de vue, des digues mentales ont sauté, la parole s’est libérée, et la majorité a trouvé les nouveaux moyens de son expression. Submergée par une vague de colère venue du fond de l’âme française, la République de Paris tremble à présent sur ses bases. Le Monde a depuis longtemps perdu son magistère moral, l’esprit Canal est passé de mode, et France Inter n’est plus qu’un refuge pour fonctionnaires d’extrême centre, tendance tiédasse. Plus qu’une victoire culturelle, on peut y voir la prise de pouvoir (enfin !) de la majorité silencieuse sur une élite nourrie au même sein bruxello-germanopratin.
Une vague que l’on ne peut que malaisément nommer — est-elle conservatrice ? réactionnaire aux changements brutaux de civilisation que l’on nous assène ? un simple retour de flamme face aux exagérations des idéologues racisés, verts, rouges, ou intersectionnels ? — est en formation. Et pourtant, au grand désespoir d’une majorité de Français, cet élan ne trouve toujours pas de représentation politique. À 10 mois de l’élection suprême, Front Populaire n’a pas pu, su ou voulu lancer l’incarnation de son projet. C’est un échec d’autant plus grave que les...