Drôle de trajectoire politique pour celui qui se verrait bien porter les couleurs de la gauche à la présidentielle 2027. Après avoir quitté avec fracas les rangs de la France Insoumise au lendemain des législatives, François Ruffin s’est trouvé une nouvelle maison pour siéger à l’Assemblée nationale, ne pas rester isolé, et bénéficier d’un temps de parole plus important. Avec les « purgés » de la France Insoumise, dont Raquel Garrido, Clémentine Autain ou bien encore Alexis Corbière, le député de la Somme rejoint le groupe écologiste.

Il s’agit là d’une bien étrange décision. La ligne « Ruffin », qui prétend s’adresser aux ouvriers, à la France périphérique de gauche qu’a vampirisé le Rassemblement national, semble difficilement conciliable avec les positions tranchées du parti de Marine Tondelier. Ces derniers jours, François Ruffin a multiplié les interventions médiatiques. Avec un mot d’ordre, retrouver le vote ouvrier, car pour la gauche, « perdre les ouvriers ce n’est pas perdre les électeurs. Perdre les ouvriers, pour la gauche, c’est perdre son âme », affirme-t-il.

Les ouvriers auraient-ils désormais le cœur plus vert que bleu marine ? On peut en douter. Tout d’abord parce que sur bien des points, il n’y a pas de différence fondamentale entre le programme de la France Insoumise et celui des écologistes. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, avec un pôle programmatique très structuré sur l’écologie, a siphonné le réservoir des verts de Yannick Jadot en 2022. Sur les questions sociétales, une feuille de papier très mince sépare les deux formations politiques.

Asile ou exil ?

Or c’est sur ce point que la ligne Ruffin a eu tant de mal à cohabiter avec celle de la France Insoumise ces deux dernières années. Tant et si bien que lors du meeting de la gauche décoloniale de « rupture », le député de...