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Justice laxiste : le diable est dans les détails

CONTRIBUTION / ANALYSE. À mesure que des affaires de délinquance se retrouvent sous les projecteurs médiatiques et que l'insécurité augmente, les Français constatent au quotidien l'inefficacité de leur système judiciaire. Une situation particulièrement alarmante qu'entretiennent plusieurs facteurs, explique Régis de Castelnau, exemples à l'appui.

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Le service public de la justice français connaît, et chacun le voit bien, une crise majeure que l’on peut qualifier de sans précédent. Les causes en sont multiples, mais la principale est bien évidemment l’absence totale de moyens budgétaires à la mesure de l'enjeu. En la matière, notre pays est le plus mauvais élève de toute l’Europe et ce ne sont pas les incantations d’Éric Dupond-Moretti sur les prétendues augmentations du budget de la Justice qui vont y changer quelque chose. Son ministère a d’ailleurs une suractivité législative et multiplie des réformes exclusivement destinées à tenter de faire mieux avec moins. Le résultat est que toutes ces fausses simplifications ne font qu’aggraver une crise multiforme qui exaspère les citoyens. 

Toutes les études démontrent que l’opinion publique se défie massivement de sa justice. Les reproches sont de diverses natures. Il y a d’abord, bien sûr, la durée des procédures ; les difficultés d’avoir simplement accès au juge ; l’incompréhension face à la complexité d’un fonctionnement obscur ; mais finalement ces reproches-là sont la conséquence d’une faible culture juridique et judiciaire dans un pays surtout marqué par sa culture administrative. Mais il y a ensuite le constat de la mansuétude de l’appareil judiciaire vis-à-vis du système de domination politique, qui s’exprime aujourd’hui par une protection dont bénéficie le macronisme et par la violence de la répression des mouvements sociaux qui s’opposent à lui, comme l’avait démontré la magistrature au moment de la crise des Gilets jaunes. Il y a là, et l’auteur de ces lignes le répète abondamment, le fruit d’une politisation du corps devenu force directement politique à l’encontre des principes de la séparation des pouvoirs. Le problème est que cette politisation se manifeste également dans la répression pénale de la délinquance du quotidien, de ses violences et de ses...

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