ZemmourPrésidentielle 2022

Le grand renversement (4/8)

L’IMPOSSIBLE PRÉSIDENCE. Qu’on l’adule ou qu’on le haïsse, Eric Zemmour est l’ovni de cette campagne présidentielle. Observateur attentif du populisme, le philosophe Vincent Coussedière interroge son parcours et nous propose une analyse profonde du rôle historique de Zemmour. Chapitre quatre. 

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Deux années se sont écoulées depuis cet aveu d’impuissance fait à Marion Maréchal. Deux années durant lesquelles Zemmour occupa le magistère médiatique qu’on lui avait offert sur Cnews et Paris-première, deux années qui suffirent pourtant pour qu’il passe de l’aveu de son impuissance à agir à l’ambition de présider la France. Le basculement avait commencé avec les émissions Zemmour et Naulleau puis avec Face à l’info, qui offrirent à Zemmour une véritable chaire médiatique et une position d’autorité. C’est comme si Socrate avait créé sa propre Académie au lieu de laisser ce soin à Platon. On offrait à Zemmour son Académie médiatique.

Le rôle de celui-ci n’était plus de faire apparaître l’insuffisance de ceux qui prétendent savoir et gouverner. Son rôle était désormais de dire ce qu’il fallait penser sur n’importe quel sujet, en développant et appliquant une grille de lecture de plus en plus systématique, mais aussi en faisant des propositions d’action. Dans Face à l’info en particulier, Zemmour était désormais entouré de disciples plutôt bien disposés à l’égard de ses analyses : certains diraient de « faire-valoir » plutôt que de contradicteurs. Il semble par ailleurs qu’une équipe lui préparait déjà des fiches comme on le fait pour un homme politique. Fin 2021, la métamorphose semblait achevée, il fit la une de Valeurs actuelles en affirmant que sa nouvelle ambition présidentielle était à prendre au « sérieux ».

Lui-même nous donne dans son dernier livre, La France n’a pas dit son dernier mot, l’explication de sa métamorphose en homme d’action. Il y aurait deux raisons essentielles à celle-ci : d’un côté, l’exemple de Bainville qu’il ne voudrait pas reproduire, et, de l’autre, ce que l’on pourrait appeler l’« appel du peuple ».

L’exemple de Bainville est celui d’un intellectuel et historien brillant, issu des rangs de l’Action Française, qui aurait tout prévu et qu’on n’aurait...

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