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Macron, les leçons d’un échec
CRITIQUE. Après un premier livre intitulé Comprendre le malheur français (2016), Marcel Gauchet prolonge sa démarche avec un deuxième tome intitulé Macron, les leçons d’un échec. Une série d’entretiens avec Éric Conan et François Azouvi qui lui permet d’analyser en profondeur le logiciel macronien et ses effets durant le quinquennat.
Jusqu’au début de l’époque contemporaine en Occident, le public pouvait se rendre dans les théâtres anatomiques pour assister aux dissections entreprises par les mains – pas toujours – expertes du corps médical. C’est un peu la sensation qui s’impose au lecteur lorsqu’il plonge dans ces trois cents pages d’un bilan au scalpel proposé par Marcel Gauchet et ses deux acolytes.
Le phénomène « Macron » a été maintes fois décrypté in vivo, mais l’analyse de fin de mandat est toujours la plus pertinente (nous y avons nous-mêmes, pour cette raison, consacré un hors-série), parce que l’objet est désormais entièrement à disposition, sous la lumière du scialytique.
Marcel Gauchet commence par revenir sur l’élection hors-norme du président dans laquelle il n’hésite pas à voir, comme notre camarade Régis de Castelnau nous en a fait la démonstration à plusieurs reprises, un « coup d’État judiciaire ». Candidat d’une fraction des gagnants de la mondialisation, Macron a réussi en quelque sorte à réaliser une manœuvre pseudo-gaullienne en se situant au-dessus des partis. À ce titre, il a joué avec un grand talent sur la dimension populiste propre à l’essence de la Vème République.
Car pour Marcel Gauchet, Emmanuel Macron peut paradoxalement être rangé dans la catégorie politique du populisme. « Le candidat populiste est celui qui déclare vouloir parler des vraies choses, des vrais problèmes, au-delà d’une mécanique institutionnelle qui en interdit l’expression », note le philosophe. Macron a joué son élection sur l’inefficacité d’un système politique vieillot à révolutionner (son livre de campagne s’appelait Révolution). « Populisme soft, populisme de velours, mais bel et bien populisme ».
Ainsi en se revendiquant « de droite et de gauche » a-t-il fait imploser la vieille logique partitaire, au moins sur le plan des appareils. La gauche et la droite, qui avait...
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