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Après les déserts médicaux, les déserts vétérinaires se multiplient dans les campagnes

ARTICLE. Le Conseil national de l’ordre des vétérinaires est inquiet : de moins en moins de vétérinaires choisissent d’exercer à la campagne. Des déserts vétérinaires apparaissent ainsi un peu partout sur le territoire. La faute à l’évolution sociologique du métier et à une activité qui a perdu de son attrait.

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Jacques Guérin est formel : les vétérinaires sont à la croisée des chemins. Le président du Conseil national de l’ordre des vétérinaires est soucieux. Pour lui, “2021 sera une année charnière pour éviter le glissement de l’intérêt des vétérinaires pour l’exercice auprès des animaux de compagnie”. Un cri d’alarme, poussé face à l’évolution plus que préoccupante du nombre de vétérinaires en zones rurales. On connaissait les déserts médicaux ; place maintenant à leurs alter ego, les déserts vétérinaires.

Et pour cause : ils ne sont plus que 3 600 vétérinaires à exercer à la campagne, sur un total d’environ 8 500 inscrits à l’Ordre. Seuls 9 % des praticiens exercent exclusivement avec des animaux d’élevage. S’ajoutent après les 10 % de professionnels qui déclarent une activité mixte. Ces chiffres ne semblent pas prêts d’augmenter : sur les 550 étudiants qui sortent vétérinaires diplômés, seuls 15% choisissent d’exercer. « dans le rural ». L’apport de diplômés étrangers, pourtant conséquent (52,5 % des 1 113 nouveaux vétérinaires en 2020) n’enraye pas cette tendance.

Le lourd fardeau des vétérinaires ruraux

La société évolue et les vétérinaires ne font finalement que suivre le mouvement. Le dépeuplement des campagnes et la dégradation de l’offre de service public sont autant de freins que subit la corporation – comme le reste de la population. À cela s’ajoute la baisse du nombre d’exploitants et d’élevages (entre 2010 et 2016, les effectifs de bovins, ovins porcins et volailles ont diminué de 15%), qui réduisent les sources de revenus. Et enfin, la réalité du terrain : être vétérinaire à la campagne est tout sauf une sinécure. Vaches qui mettent bas, chevaux qui se fracturent un membre, épidémies de grippes aviaires chez les volailles… Le métier est éprouvant, autant physiquement que moralement. Il requiert une disponibilité à toute heure et en toute saison. Il n’est...

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