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Karim Akouche : « Les bien-pensants préparent sans le savoir le lit de la dictature islamiste. »

ENTRETIEN. Karim Akouche est poète, romancier et dramaturge québécois d’origine kabyle. Nous avons chroniqué récemment son dernier ouvrage Déflagration des sens, chez L’Écriture. Intrigués par la liberté de ton de l’auteur, nous avons voulu en savoir davantage sur son parcours de vie et d’écriture.

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Front Populaire : Vous avez publié à la rentrée Déflagration des sens, qui vient clore une trilogie romanesque commencée en 2017 avec La Religion de la mère. Pouvez-vous nous parler de cette trilogie ?

Karim Akouche : Ce n’est pas tout à fait une trilogie, c’est plutôt un cycle romanesque, un triptyque de la dépossession. Dans Allah au pays des enfants perdus, les personnages sont dépossédés de leur avenir, dans Déflagration des sensde leur présent et dans La religion de ma mère de leur passé. Mes personnages, des êtres pris dans une géante toile d’araignée, luttent contre les deux B, le Bâton et la Barbe, les militaires et les islamistes. Le piège est triple : l’Histoire falsifiée de leur pays, la misère sexuelle et le marasme socio-économique. Le récit national algérien a foiré dès l’indépendance. L’État a été bâti sur de fausses jambes. Ben Bella, Boumédiène et tous les dirigeants qui sont venus après l’ont proclamée arabe et musulmane, contre elle-même, contre le peuple. Cela a créé des malentendus, des déceptions, de la crispation et, par-dessus tout, une schizophrénie nationale. L’Algérie arabe est une imposture. L’on a qu’à tendre l’oreille à Alger, à Oran ou à Constantine pour comprendre que l’Algérien n’est pas arabe, il parle un babélisme, un patchwork de langues, un mélange de berbère, d’arabe, de français, de turc… Le slogan des supporters de l’équipe nationale de foot résume à merveille mon propos : « One, two, three, viva l’Algérie ! » Trois langues étrangères, aucune langue nationale. Les Algériens ont les pieds en Afrique et la tête en Orient. Quant à la frustration sexuelle, à cause du patriarcat et de certains préceptes de l’islam, elle fait des ravages. Kâmal Sûtra, le narrateur iconoclaste de Déflagration des sens, joue cash, se lâche dès le début du roman : « On ne peut...

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