La diversité à l’opéra, obsession d’une époque
OPINION. Comme tant d’autres domaines artistiques, l’opéra n’est pas épargné par les velléités diversitaires actuelles. Une tendance qui traduit davantage l’obsession chromatique de notre époque qu’une réelle réflexion intellectuelle ou artistique.
Après plus de douze ans passés dans une compagnie canadienne, le nouveau directeur de l’Opéra national de Paris, Alexander Neef, avait clairement indiqué sa volonté d’en faire « un opéra sans frontière, inclusif et engagé ». Profitant de l’arrêt de l’activité pendant la pandémie, une étude fut menée pour enquêter sur le racisme au sein de la maison. Les rapporteurs, Constance Rivière, la Secrétaire générale de la Défenseure des droits, et l’historien Pap Ndiaye ont livré en janvier dernier leurs conclusions, après avoir passé en revue les comportements envers les employés, les traditions de mise en scène, les termes utilisés dans les œuvres, pour traquer les discriminations contraires au respect de la diversité.
Une époque face à l’universel
Dans la perspective de lutter contre le racisme dont certaines œuvres seraient le reflet, les deux rapporteurs suggèrent de les « contextualiser ». Ainsi, la représentation d’un opéra du XIXe siècle qui s’appuie sur une conception du monde différente de la nôtre n’est tolérée que si l’on prend la peine d’expliquer le contexte : « concernant les œuvres du répertoire, si toutes peuvent être jouées, certaines ne peuvent sans doute plus l’être sans qu’un travail d’analyse et d’échanges ne les précède et ne les accompagnent ». Les rapporteurs préconisent des temps d’échange au sein de l’équipe artistique pour s’imprégner du contexte de la pièce.
Or, c’est le cœur du métier de metteur en scène de connaître l’œuvre dans ses moindres détails et, avec ses interprètes, eux-mêmes familiers des thématiques que l’opéra ou le ballet soulève, de travailler à rendre le contenu le plus pertinent possible pour un public contemporain. Libre à lui de jouer avec les codes de l’époque ou de s’en affranchir pour mettre en lumière les questions universelles portées par l’œuvre.
Pour ce qui concerne le public, la plupart des théâtres, sur leur site...