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Le peuple et la science

ARTICLE. L’épisode de crise sanitaire que nous vivons aura eu pour effet de porter à l’espace public un certain nombre de problème sociétaux de grande importance. Parmi ceux-ci, celui de la place de la science dans le processus de production et de validation de la connaissance n’est pas des moindres.

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L’épisode de crise sanitaire que nous vivons aura eu pour effet de porter à l’espace public un certain nombre de problème sociétaux de grande importance. Parmi ceux-ci, celui de la place de la science dans le processus de production et de validation de la connaissance n’est pas des moindres. En effet, chacun aura compris que le pouvoir politique en place s’est manifestement appuyé sur la science (un « comité scientifique ») pour prendre des décisions d’ordre sanitaire. Or, chacun aura également pu constater la pagaille qui a accompagné cette référence à la science pour justifier les décisions politiques. Difficile d’échapper en effet aux débats, pour ne pas dire disputes, qui ont animé la question des vertus thérapeutiques de l’hydroxychloroquine et leur cristallisation spectaculaire sur la personne du professeur Raoult. Impossible enfin de ne pas avoir été, même à minima, attentif à l’épisode rocambolesque de l’article paru dans la prestigieuse revue The Lancet, et qui s’est soldé par la rétractation de trois de ses quatre auteurs.

Ce qui a ainsi fait l’objet de polémiques signale un problème sociétal de fond, celui de la crédibilité de la production scientifique. A priori, la spécificité de la connaissance scientifique, c’est-à-dire ce qui la distingue du sens commun, des connaissances ou croyances ordinaires, c’est précisément d’avoir été élaborée et contrôlée selon des procédures qui en garantissent une certaine validité, entendue comme validité sans cesse surveillée, toujours susceptible d’être rectifiée. La garantie de validité d’une connaissance scientifique est en effet d’avoir (jusqu’ici) résisté à un examen critique. Cet examen critique doit s’exercer évidement avant la publication des connaissances. A cette fin, les revues scientifiques se dotent de collectifs d’experts auxquels ils soumettent les articles qui leur sont proposés. Tout ceci devrait bien se passer si l’instance critique seule devait être à l’œuvre, c’est-à-dire si, de façon indépendante de...

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