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Les écoles de la République

Contrairement à ce que pensent bien des gens, enseignants ou parents d’élèves, l’Ecole n’a jamais failli à sa tâche — la question étant d’identifier clairement cette tâche...

/2020/07/ecole

Contrairement à ce que pensent bien des gens, enseignants ou parents d’élèves, l’Ecole n’a jamais failli à sa tâche — la question étant d’identifier clairement cette tâche.

C’est une extension des principes darwiniens : un organisme (l’Etat, la Société) ne fait rien contre sa propre sécurité. Il adapte l’outil à sa survie et à ses ambitions. L’Ecole, depuis toujours, a été l’instrument premier de cette ré-invention permanente qui permet au projet de l’Etat central de survivre et de se conformer à ses objectifs.

Rapide historique. La Révolution, en optant pour le projet de Condorcet (d’où est issue la notion centrale d’élitisme républicain) au lieu de préférer celui de Lepeletier de Saint-Fargeau, qui visait davantage l’instruction des classes les plus populaires, donnait à la bourgeoisie dominante dans ses rangs au plus haut niveau l’outil de sa conquête du pouvoir. La création des lycées par Napoléon Ier visait la détection de cadres militaires et administratifs dont l’Empire avait besoin. La loi Falloux, en privilégiant l’enseignement confessionnel, créait le cadre nécessaire à la politique d’ordre moral du Second Empire. La IIIe République — Jules Ferry et son directeur au ministère, Ferdinand Buisson, grand admirateur des méthodes pédagogiques qui avaient permis à Bismarck de monter une armée victorieuse en 1870 — choisit en décrétant l’instruction pour tous de créer une France revancharde prête à s’enrôler dès août 14. Le Tour de France de deux enfants, où les héros contemplent, de loin et les larmes aux yeux, l’Alsace sous la botte prussienne, ou le « roman national » d’Ernest Lavisse avaient pour fonction de fabriquer les mythes pour lesquels les pioupious mourraient volontiers — et de minimiser le poids de l’Eglise. La formule de Péguy pour désigner les nouveaux instituteurs, les fameux « hussards noirs de la République », doit être prise au pied de la lettre : il s’agit...

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