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Mon père était un écologiste

CHRONIQUE. Tout au long de l'été, notre camarade Jean-Paul Pelras nous incite, avec ces chroniques champêtres, à nous replonger dans ce flot de souvenirs qui font notre identité collective. Aujourd'hui, un récit personnel sur ce qu'est l'écologie véritable...

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Voici quelques années déjà, en rangeant les dernières affaires de mon père, j’ai retrouvé dans sa tablette de nuit une lampe électrique, un réveil et un cube de camphre qu’il glissait, depuis quelques temps, sous le matelas pour lutter contre les crampes.

Concernant le réveil, il s’agit d’un modèle mécanique qu’il remonta pendant plus de 30 ans chaque soir aux alentours de 21 h. Pour ce qui est de la loupiote, elle est rouge, rectangulaire et fonctionne depuis au moins un quart de siècle.

En y réfléchissant, mon père était un écologiste. Car, plutôt que de changer la lampe tous les 6 mois, il se contentait de changer la pile tous les 3 ans. Et ainsi de suite avec toujours le même papier de charcuterie pour plier boudin et fromage quand nous partions tailler la vigne, avec la même Acadiane qui servait d’abri quand le vent tapait sur les garrigues, avec le même couteau qu’il utilisait indifféremment pour saigner les poules ou peler une poignée de figues.

Parce que la société de consommation n’était pas son truc. Parce qu’il ne s’est jamais rendu dans les grandes enseignes périurbaines afin de s’y procurer l’attirail du parfait environnementaliste. Celui qu’il faut posséder dès qu’adviennent les beaux jours pour une nuit en bivouac, une randonnée ou un barbecue dominical organisé sous le platane murier.

Mon père, voyez-vous, est mort à l’âge de 91ans. Il vécut sans chronomètre, sans altimètre, sans podomètre, sans actimètre … sans paraitre. Et pourtant, il savait toujours où il en était.

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