RépubliqueDécoloniaux

Oser l’universalisme

CRITIQUE. Directeur de recherche au CNRS, Nathalie Heinich tente de résister aux maléfices idéologiques de notre temps. Contre l’identitarisme, le néo-féminisme et la « cancel culture », elle propose avec Oser l’universalisme (éd. Le Bord de l’Eau), un plaidoyer pour l’universel.

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« L’identitarisme, le néo-féminisme et les nouvelles censures expriment une conception foncièrement communautariste du monde social, à l’apposé de l’idéal universaliste dont la France demeure encore, grâce aux acquis des Lumières et de la Révolution, un emblème mondial. »

Telle est le postulat de départ de Nathalie Heinich dans ce court ouvrage à la fois dense et pédagogique. Ce postulat n’a bien sûr rien de révolutionnaire (c’est le cas de le dire) tant il est partagé dans la sphère des idées, qu’on s’en réjouisse ou qu’on s’en désole.

L’intérêt du travail de Nathalie Heinich dans cet opuscule réside dans le plaidoyer qu’elle mène – avec un certain brio argumentatif – en défense de l’universalisme républicain, c’est-à-dire d’une certaine conception de la citoyenneté centrée sur l’individu en tant que membre de la collectivité nationale et non en tant que membre de sa communauté d’appartenance (sociale, sexuelle, ethnique…)

Le raz de marée idéologique venu des États-Unis qui s’illustre dans le champ universitaire par la montée en puissance des thèses décoloniales et autres « studies » doit être contré sous peine de voir définitivement s’effacer notre héritage intellectuel moderne. Pour ce faire, il ne suffit pas de se moquer des communautaristes, il faut les prendre au sérieux et réfuter leurs arguments.

Défendre l’universalisme

Irréalisme, ethnocentrisme, domination, uniformisation. Voilà les quatre reproches majeurs formulés contre l’universalisme républicain :

En effet, proclamant une égalité abstraite, il ne serait que purement formel, c’est-à-dire sans effet sur la réalité sociale concrète (irréalisme). Issu d’une vision proprement occidentale, il serait également la partie émergée de l’iceberg ethnocentrique européen (ethnocentrisme), c’est-à-dire le langage de pseudo « vérité » des dominants (domination). Enfin, l’universalisme serait une façon de refuser la pluralité des cultures en promouvant une homogénéité anthropologique fantasmée (uniformisation).

Ces quatre reproches anti-universalisme qui fourmillent dans les colloques intersectionnels et néo-identitaires décoloniaux sont réfutables. Nathalie Heinich...

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