Parisprovince

Paris, je te quitte

TÉMOIGNAGE. Un texte tout en sincérité. Un témoignage auquel de nombreux Parisiens s’identifieront sans doutes. Qu’ils aient, ou non, franchi le pas pour tourner le dos à Paris, souhaitant ainsi laisser loi derrière eux les symptômes d’une France malade désormais incarnée par la capitale. Témoignage d’un réfugié en « province ».

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Né à Paris il y a 32 ans, j’y ai grandi. Mon père se plait souvent à rappeler à mon grand frère, ma petite sœur et moi, que nous sommes la première génération parisienne pure souche de la famille.

J’ai longtemps été fier d’être parisien : jeune, je profitais de l’aura de la Ville Lumière, j’en jouais allègrement.

Les quatre années que j’y passai après mes études furent à la hauteur de ce que l’on imagine de la vie parisienne. Des ami(e)s, des sorties, des débats houleux aux terrasses des cafés, du foot, de la musique, une aventure entrepreneuriale. Montmartre, Pigalle, les quais de Seine, les Grands Boulevards, le Louvre la nuit... Je vivais dans une chanson de Jacques Dutronc.

Petit à petit, l’ambiance a changé. Je vieillissais, certes. Mais il y avait autre chose. 2015, année charnière : je partageais des bureaux avec d’autres jeunes créateurs d’entreprises dans le Palais Brongniart (quelle chance, je sais !). Quand le commando maudit a tué chez Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher. J’ai vu un de mes camarades entrepreneurs, juif, livide et paniqué, barricader les portes du bureau. Quelques mois plus tard, il partait en Israël avec femme et enfants.

Les manifestations monstres qui s’en suivirent me firent pleurer de rage. Toute l’absurdité de notre époque me sautait au visage.

D’abord, l’incurie politique, incarnée par l’équipe à Hollande. J’étais conscient du cynisme du PS et ne le portais pas dans mon cœur. Mais là, c'en était trop. Voir toute la petite clique de l’UMP, du PS et de l’Union européenne, ces pompiers pyromanes qui ont savamment nourri l’immigration incontrôlée et la haine de la France pendant des décennies, bras dessus-bras dessous en première ligne de la manifestation m’a donné la nausée. Comme si ça aussi, ce court moment de communion nationale qui succédait à un...

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