Un général qui n'a pas la langue dans sa poche
Le général Thierry Burckard a présenté ce mercredi le plan stratégique de l'Armée de terre pour faire face "aux guerres futures". Il en a profité pour fustiger les mauvaises pratiques de gestion qui se sont imposées ces dernières années au sein de la grande muette.
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La doctrine du nouveau chef-d'état major de l'Armée de terre (CEMAT) est désormais sur la table. Dans un document qu'il a dévoilé hier à la presse, le haut-gradé, issu de la Légion étrangère, a exposé la manière dont il anticipe les conflits pour la décennie à venir, et plaidé pour une armée française "endurcie".
Au passage Thierry Burkard a déploré le "carcan bureaucratique" dont souffre son institution, en pointant notamment les réformes de 2008 et 2017 qui ont selon lui "enfermé" l'armée dans un excès de normes. A l'en croire, le moral des troupes a été fortement entamé par l'avalanche de procédures et de règlements qui en a résulté.
Le général dénonce également un modèle de gestion obsédé par "l'efficience", cette notion empruntée au monde de l'entreprise: "L'efficience c'est l'antirésilience, avance-t-il. Car elle dit 'pas de stocks, cela coûte' ou encore 'pas la peine d'avoir des camions pour tout le monde, on pourra acheter des munitions le moment venu'".
Non contente d'exporter ses guerres depuis des années, l'OTAN cherche également à imposer à ses Etats membres sa vision comptable de la chose militaire. Saluons le CEMAT qui semble vouloir résister à ce tropisme américain. Mais l'officier supérieur sera-t-il entendu en haut lieu? On se souvient qu'en 2017 le général de Villiers n'avait eu d'autre choix que de démissioner face au mépris d'Emmanuel Macron.