Une critique amoureuse du bio
OPINION. Productivité, qualité des aliments, serres chauffées… L’agriculture biologique reçoit presque autant d’éloges que de griefs, avec plus ou moins de bonne foi. Notre abonné propose ici une critique nuancée du bio, afin de faire les meilleurs choix possibles pour l’avenir.
Le bio a été beaucoup critiqué, à tort ou à raison, avec plus ou moins de bonne foi. Quand les critiques sont pertinentes, il faut, comme aurait pu le dire Cyrano, « se les servir soi-même avec assez de verve et ne pas permettre qu’un autre nous les serve », pour lutter efficacement contre le dénigrement, pour lever les éléments d’incohérence qui persistent et pour progresser en faisant des choix d’avenir.
Le bio permet de produire des aliments sans recourir aux pesticides de synthèse ni aux engrais chimiques. En élevage, des règles concernant le bien-être animal et la limitation de l’utilisation des médicaments viennent compléter ce tableau. On pourrait aussi évoquer une attente légitime de la part des consommateurs, absente des cahiers des charges officiels, mais prise en compte par certains acteurs : une cohérence écologique de l'ensemble de la démarche, concernant notamment les consommations d’énergie et la préservation de l’environnement. Cette promesse est simple et claire. Elle concerne uniquement des obligations de moyens mais doit être capable de dépasser ses propres dogmatismes pour évoluer et ne pas se faire submerger.
L’agriculture dite « de conservation des sols » et avec elle l’agriculture « sur sol vivant » ont posé comme principe l’arrêt du travail du sol et la couverture permanente du sol si possible par des plantes vivantes. Ils reconstituent ainsi des sols vivants, riches en matière organique, puissamment recolonisés par leur macrofaune, intensément habités par toutes les catégories de microorganismes. La productivité, ici, n’est pas ennemie de la préservation de l’environnement : elle en est la condition. Plus les cultures sont productives, plus elles extraient de minéraux des roches mères, plus elles fixent d’azote et de CO2 de l’air, qu’elles cèdent sous forme de matières organiques au sol (racines, pailles, feuilles). En retour, ce sol offre une biodiversité stimulée et une fertilité améliorée. Dans un...