Bien-pensance

Astérix et le culte du Cargo

Un texte vif et incisif d’Yves Michaud. Le philosophe fustige notre prosternation devant « l'intolérance bien-pensante des minorités chics américaines qui s'attaquent en toute bonne conscience au monde européen corrompu de la tolérance, des Lumières oppressives et esclavagistes. »

/2020/07/ASTERIX

On appelle culte du cargo les bricolages religieux que les indigènes de Mélanésie inventèrent quand ils virent les monceaux d'objets et de drouille qu'apportaient avec eux grands blancs Américains et petits jaunes Japonais durant la seconde guerre mondiale.

Nous, bons français à ADN cocorico mais fascinés par Mickey, Koons et les Busho-Trumpistes, nous nous prosternons devant les idées des Grands Blancs mâcheurs de chewing-gum et attrapeurs de filles par la chatte. Tels des papous, nous nous empressons de nous faire des colliers de leur pacotille.

Durant les trente dernières années, nous avons ainsi religieusement importé leur « philosophie » sirupeuse de la bienveillance guimauve (le « care »), puis l'ultra-féminisme L(lesbien), puis G (gay) puis T (transgenre) puis Q (queer) en attendant les nouvelles variantes sexuelles qui pourront être lancées sur le marché (par exemple le T avec ticket d'aller-retour : un jour H, un autre F, stationnement unilatéral alterné).

Évidemment nous avons aussi importé le post-colonial et le dé-colonial et avons découvert, comme si Fanon n'avait jamais existé, qu'il fallait mener des combats anti-identitaires au nom des identités authentiques...

Nous avons très logiquement et très pieusement importé l'intolérance bien-pensante des minorités chics américaines qui s'attaquent en toute bonne conscience au monde européen corrompu de la tolérance, des Lumières oppressives et esclavagistes.

Comme si l'Amérique de Bush père et fils et de Trump n'était pas le terreau de cette bien-pensance hypocrite qui bat sa coulpe sur la poitrine des « autres », pendant que les gentils présidents manipulent les tarifs douaniers, que les législateurs américains organisent les évasions fiscales des super-firmes humanitaires qui nous vendent leur pacotille et que des intellectuels à la Butler ou à la Sassen nous vendent leurs conférences.

Dernières bonnes nouvelles : ne voilà-t-il pas que la presse française et notamment le si bien-pensant Monde se fait enfin l'écho d'une modeste protestation d'« intellectuels de...

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