France périphérique

Dernier JT : Jean-Pierre Pernaut, victime de l’air du temps ?

ARTICLE. Jean-Pierre Pernaut sort à peine du dernier JT de sa carrière de présentateur. Après 33 années au sommet, il doit laisser sa place. Dans la bonne humeur et l’émotion, certes, même s’il est difficile de ne pas incriminer l’air du temps

/2020/12/Pernaut, Jt, ruralité, populisme

C’est une longue page d’information au sommet qui se tourne. Depuis 33 ans, Jean-Pierre Pernaut était l’artisan du Journal télévisé de TF1. Il ne l’est plus depuis quelques minutes. Il sera remplacé à la rentrée, le 4 janvier, par Marie-Sophie Lacarrau, actuelle présentatrice des informations de la mi-journée sur France 2. Le rideau tombe sur une carrière qui n’aura probablement plus beaucoup d’équivalents dans notre 21ème siècle liquide.

7000 JT, 4500 heures d’antenne, Jean-pierre Pernaut est une institution, un morceau de patrimoine français, un repère dans la journée de millions de Français dont il fait un peu partie de la famille. Il est la mascotte d’une France rurale et régionale souvent oubliée, parfois méprisée, celle des métiers traditionnels et des savoir-faire hérités. Il y a une raison à cela : Jean-Pierre Pernaut connaissait la France dont il parlait, et les Français le savaient. Il était leur représentant, sans barrière de sécurité, sans prompteur, sans truquage, lui qui a créé « SOS Villages » pour redynamiser l’économie locale des zones rurales.

Mettre les régions françaises à l’honneur, dans la vérité nue de leurs aléas quotidiens, telle a toujours été la ligne Pernaut. « On a été les premiers, à l’époque, à oser diffuser un chant corse, rappelle-t-il lors de son dernier JT. C’était la première fois qu’on entendait un chant corse à la télévision nationale. » « Jean-Pierre Pernaut, c’est la vraie France », déclarait également ce midi un ostréiculteur de la Trinité-sur-mer, interrogé pour ce JT symbolique. « Jean-Pierre a été un pionnier, il a été le premier à nous défendre », note Bernard, agriculteur à Praz-sur-Arly en Haute-Savoie.

Volontiers provocateur, le présentateur a toujours assumé cette proximité avec le peuple français, quitte à se faire taxer de « beauf » par l’intelligentsia parisienne, voire de populiste. « Si le populisme, c’est d’être proche des gens, je suis populiste »...

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