souveraineté numérique

Ingénieur diplômé cherche pays souverain

PORTRAIT. La jeunesse française diplômée a pu un temps se penser à l’abri des turpitudes économiques. Ce n’est plus le cas. Aurélie, ingénieur spécialiste de la 5G chez Nokia, est aux prises avec un vaste plan de licenciement économique. Portrait d’une Française anonyme, symbole d’une génération fragilisée.

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Nous sommes le 17 décembre 2020, en plein cœur de Paris. Un petit cortège de salariés de Nokia s’est réuni pour une marche de contestation jusqu’aux Invalides. Un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) a été lancé en juin par le géant finlandais des télécoms et une suppression massive d’emplois menace le pôle Recherche & Développement du site de Nozay (Essonne).

Ces ingénieurs n’ont manifestement pas l’habitude de battre le pavé. Ils tâtonnent et s’excusent presque de faire du bruit, comme s’ils se regardaient manifester. Résignation, sentiment de trahison, abattement, manque de pratique, tempérament ? On ne saurait dire. Peut-être un peu tout cela à la fois. Il faut l’attirail et les réflexes militants de la CGT pour ajouter de la sonorité à cette contestation qui aurait autrement tous les attributs d’une marche de recueillement. Au milieu du cortège, une jeune femme brune avance, pancarte « Nokia » en main. Elle est ingénieur intégration logiciel pour les plateformes 5G.

A 27 ans, si Aurélie est la plus jeune du groupe de manifestants, elle n’est pas la moins motivée. Ce n’est du reste pas sa première manifestation. Plusieurs manifestations ont eu lieu à Paris depuis l’annonce du premier PSE, en juin, auxquelles elle a tenu à participer. Fin 2019, elle était déjà dans la rue contre la Réforme des retraites. « J’ai participé à toutes ces manifestations parce que je crois que c’est important de se faire entendre et surtout de le faire collectivement », confie-t-elle. Alors, individualiste et dépolitisée, la jeunesse de France ?

Aurélie a commencé à s’intéresser à la politique à partir des élections présidentielles de 2017 qu’elle a suivies avec attention. « Je vote à chaque fois et fais des procurations quand je suis absente. J’apprécie aussi participer aux dépouillements de ma ville quand il y a besoin. Avec ce qu’il m’arrive aujourd’hui...

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