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Le cabanon
CHRONIQUE. Tout au long de l'été, notre camarade Jean-Paul Pelras nous incite, avec ces chroniques champêtres, à nous replonger dans ce flot de souvenirs qui font notre identité collective. Aujourd'hui, un cabanon au fond du jardin...
Un cerisier, un néflier, un noisetier. Ces trois arbres poussaient en bordure d’un petit ruisseau. A l’angle du ruisseau une petite vanne que mes parents soulevaient pour arroser le jardin.
Dans le jardin à peu près tout ce qui poussait dans notre Midi : artichauts, fraises, fèves, sucrines, blettes, petits pois, haricots, radis, tomates et compagnie. Et puis il y avait le cabanon avec, je peux le dire puisqu’il n’existe plus, sa clé glissée sous l’angle du petit toit. C’est bizarre un cabanon, surtout quand il s’agit de celui de votre enfance.
C’est à la fois la patrie perdue et la plus haute branche. Celle où vous grimpez plus tard, de temps en temps, pour mieux comprendre le sens de votre propre histoire. Et pourtant, il n’y avait pas grand-chose là-dedans, seulement quelques vieux outils, une pelle, deux faucilles, une fourche, trois ou quatre « rasclets » usés, un arrosoir en ferraille. Et tout un tas de bricoles suspendues à des pointes ou à des petits crochets. Un chapeau de paille, de la ficelle, des sachets en plastique, du raphia, un tablier, deux casquettes aux visières noircies par les traces de doigts.
Ah oui, j’allais oublier, une chaise, des toiles d’araignées, des bottes, des espadrilles empoussiérées et une scie passe-partout pour le petit bois. Voilà, des bricoles finalement.
Et pourtant j’y repense souvent, car ce cabanon figure en bonne place sur le chemin si compliqué des choses qu’on dit simples. Celui-là a disparu et son jardin avec. Voilà des années que je ne suis plus retourné là-bas. Peut-être car, en me souvenant, je n’ai plus à emprunter le petit chemin qui nous y conduisait autrefois.
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