choc des civilisationsDécadence

Le retour de la décadence

CRITIQUE. L’idée de déclin est la reine de l’époque. Faut-il penser l’effacement de la civilisation occidentale et, si oui, comment ? Le philosophe Pierre-André Taguieff s’attarde sur cette épineuse question dans Le retour de la décadence (éd. PUF).

/2022/05/taguieff-decadence-declin-spengler-ecologisme-woke


« Peut-on parler aujourd’hui, un siècle après Spengler, d’un déclin de l’Occident ? La réponse à cette question ne peut qu’être nuancée », note l’auteur en fin d’ouvrage. C’est du reste souvent l’intérêt des travaux de Pierre-André Taguieff. Historien des idées, ce grand érudit nous propose de « penser l’époque postprogressiste ». Essayons d’y voir clair avec lui.

L’époque postprogressiste, comme son nom l’indique, est l’époque qui succède non pas tant au progrès en lui-même qu’au Progrès comme idéologie, c’est-à-dire l’époque moderne, celle des Lumières, de la Raison et des « grands récits ». Les temps modernes se sont installés avec l’idée d’un progrès linéaire et quasi nécessaire de l’humanité (dont la pensée de Condorcet fournit un des archétypes).

Cette époque d’optimisme historique semble révolue. Nous sommes aujourd’hui dans l’ère post-moderne, celle du relativisme généralisé, de l’instabilité identitaire. C’est donc aussi celle du retour dans l’ère des inquiétudes, voire des angoisses. La question est de savoir si cet essoufflement du progressisme – là encore, nous parlons non pas du progrès en lui-même mais du progrès comme idéologie -, signe la fin de la civilisation occidentale.

Quelle est la thèse de Pierre-André Taguieff ? En l’occurrence, il s’agit d’une crainte intellectuelle : nous sommes en train de passer d’une...

Vous aimerez aussi