transhumanisme

Le sens des limites

CRITIQUE. Derrière la crise sanitaire ou la crise politique, on trouve une crise civilisationnelle qui ressemble beaucoup à une crise des limites. C’est l’objet du livre Le sens des limites (ed. L’Observatoire) coécrit par Monique Atlan et Roger-Pol Droit. Un ouvrage à la fois accessible et intelligent, fenêtre ouverte sur les temps présents.

/2021/02/Limites, capitalisme, transhumanisme, postmodernité, Roger-Pol Droit

Frontières géographiques, transhumanisme, ressources énergétiques, antispécisme, sylvothérapie, transgenrisme, capitalisme, immortalité…Toutes ces thématiques a priori assez différentes ont toutes un point commun, celui d’interroger et de donner à repenser la notion de limite.

Que veulent les « no borders » si ce n’est abolir les frontières des nations sur le globe ? Que veulent les transhumanistes, si ce n’est abolir la frontière entre l’homme et la machine, voire, pour certains, entre la vie et la mort ? Que veulent les « décroissants » si ce n’est restaurer au sein du débat la problématique de la limitation des ressources naturelles ? Que veulent les antispécistes, si ce n’est abolir la limite entre l’espèce humaine et l’espèce animale ? Que veulent les militants queer, si ce n’est abolir la limite entre les sexes ? Que veulent les capitalistes, si ce n’est abolir la limite de l’accumulation de richesse ? Et ainsi de suite.

Ce gigantesque décloisonnement est général. On le remarque facilement lorsqu’on veut nous faire croire qu’un enfant est un adulte et réciproquement, car l’aberration saute aux yeux. Mais la même logique est à l’œuvre lorsque les réseaux sociaux font tomber la barrière entre la vie publique et la vie privée. De même, lorsque les burn-out explosent parce que les salariés, pris au piège d’un univers numérique en accélération constante, répondent à leurs mails le soir après minuit, faisant tomber la barrière entre vie personnelle et vie professionnelle (télétravail, généralisation des « open-space » participent de cette logique).

« Tout devient « liquide » plutôt que solide, comme le soulignait le sociologue Zygmunt Bauman. D’une identité à une autre, d’un rôle ou d’un masque à une autre, on suit les fluctuations de ses envies, comme on passe d’un emploi à un autre en fonction des variations du marché et des opportunités qui se présentent », notent les auteurs.

Et finalement, qu’est-ce que le clivage entre les « progressistes »...

Vous aimerez aussi